Un leurre est un artifice qui attire l’attention
de quelqu’un pour lui cacher l’événement
essentiel qui se déroule au même moment sur une autre
scène. C’est ce qui s’est passé avec la
visite du pape en Israël et en l’occurrence, ce sont les
observateurs qui se sont leurrés eux-mêmes. A nouveau,
c’est la mémoire de la Shoah qui a servi d’écran.
Tout le monde attendait le pape sur ce qu’il ferait et dirait
à ce propos, suite à l’affaire de la levée
d’excommunication d’un évêque intégriste
négationniste (l’affaire Williamson), tandis que l’essentiel
se produisait sur une autre scène : celle des Palestiniens.
A travers tous ses discours aux Palestiniens, si pleins
de l’emphase et de l’empathie qu’il n’a pas
su trouver pour les Juifs, Benoît XVI nous apparait comme l’un
des papes qui a le moins de sympathie pour le peuple juif. Ils laissent
entendre l’adoption d’un tournant drastique dans la politique
du Vatican envers les Juifs et démontrent que le pape a épousé
la position palestinienne, dans sa radicalité la plus grande.
Aux
uns la victimologie, aux autres le politique
Le jeu classique du « devoir de mémoire
» a été rejoué (1) : aux Juifs la reconnaissance
du martyre de la Shoah, aux Palestiniens la reconnaissance politique,
voire même théologico-politique. Une formule forte restera:
la Terre sainte définie comme la « terre des ancêtres
» du peuple palestinien, abondamment évoqué, lui.
"Monsieur le Président, le Saint-Siège soutient
le droit de votre peuple à une patrie palestinienne souveraine
sur la terre de ses ancêtres, sûre et en paix avec ses
voisins, à l'intérieur de frontières reconnues
au niveau international." Quand cette expression est proférée
par l’évêque de Rome, qui doit connaître
tout de même son Nouveau Testament et l’histoire des Juifs
dans ces mêmes lieux, elle pèse d’un poids considérable.
Tout un univers psychologique s’y profile : un État d’Israël
défini par la Shoah et donc refuge humanitaire pour rescapés
européens du nazisme face à un peuple réel, autochtone,
héritier de l’Ancien Israël, « ancêtres
» obligent ! Ce qui est en partie faux car une part importante
de la population palestinienne descend de vagues migratoires venant
du monde arabe de la fin du XIX° siècle au début
du XX°...
Le
peuple élu de Palestine
Cette interprétation est confirmée par
une autre formule ahurissante, qu’a justement relevée
Menahem Macina dans la Newsletter de l’U.P.J.F. (2), prononcée
à l’occasion du départ du pape des Territoires
palestiniens : “Mon souhait sincère pour vous, peuple
de Palestine, est que cela arrivera bientôt, pour vous permettre
de jouir de la paix, de la liberté et de la stabilité
dont vous avez été privés depuis si longtemps.
Avec angoisse, j’ai été le témoin de la
situation des réfugiés qui, comme la Sainte Famille,
ont été obligés de fuir de leurs maisons. »
Or, la "Sainte Famille" fuit Bethléem pour échapper
au massacre des enfants que le Roi d’Israël Hérode
s’apprête à perpétrer pour éliminer
Jésus (Évangile selon Matthieu 2, 13).
Cette comparaison appelle inéluctablement dans
l’oreille chrétienne et sans doute dans la compréhension
papale, une identification des Palestiniens à la famille de
Jésus, le “véritable Israël” persécuté
par l’Israël déchu, “l’Israël selon
la chair”, en l’occurrence les Israéliens contemporains
qui, de surcroît, se voient implicitement accusés de
fomenter le massacre des enfants! On sait que l’accusation de
crime rituel est le mythe central du Nouvel antisémitisme,
adroitement exploité par l’Autorité Palestinienne
et le Hamas. L’Église vient de la consacrer de façon
subliminale.
Benoît XVI n’a pas manqué de bénédictions
enthousiastes du peuple palestinien. Dans son discours de départ
des territoires palestiniens : « Puisse-t-Il bénir par
la paix le peuple palestinien ! ». Au camp de réfugiés
d’Aïda : « Puisse Dieu bénir son peuple avec
la paix ! ». Dans son homélie à la place de la
Mangeoire : « Vous-mêmes, peuple choisi de Dieu à
Bethléem ». Dans son discours devant Mahmoud Abbas :
« J’invoque sur tout le peuple palestinien les bénédictions
et la protection de votre Père céleste » (3).
Je ne vois pas beaucoup de bénédictions de ce type sur
le peuple d’Israël envers lequel l’Église
a tout de même, à ce qu’elle prétend, d’autres
liens!
La
justification de la guerre ?
Comment quasiment tous les observateurs ont-ils pu
voir dans les discours du pape des paroles de paix ? J’y entends
tout au contraire des encouragements à la violence.
Le
droit au retour
Faire l’apologie du droit au retour des réfugiés,
que réclame l’Autorité Palestinienne, est-ce autre
chose que vouer à la disparition en douceur l’État
d’Israël, et bien sûr l’État juif? Le
pape a exprimé sa “solidarité à l’ensemble
des Palestiniens qui n’ont pas de maison et attendent de pouvoir
retourner sur leur terre natale, ou d’habiter de façon
durable dans une patrie qui soit à eux”. C’est
la meilleure façon de ruiner la paix et de confirmer les Palestiniens
dans leur projet d’éradication de l’État
juif, qu’ils disent très officiellement aujourd’hui
ne jamais vouloir reconnaître. Tous les Israéliens, de
la gauche à la droite, sont opposés à cette revendication
qui noierait les Israéliens sous le flot des Palestiniens.
Dans cette remarque du pape; il y a une autre façon de méconnaître
la réalité du peuple juif, celui qui est originaire
des pays arabo-islamiques et dont provient la majeure partie de la
population d’Israël. L’existence juive a été
quasi totalement éradiquée en terres d’islam depuis
les années 70 du XX° siècle. 900 000 Juifs se sont
vus expulsés par la violence ou exclus et poussés au
départ. Ils ont alors trouvé, pour 600 000 d’entre
eux, en Israël une terre où s’installer. La scène
que l’autorité palestinienne a mise en place pour l’accueil
du pape ou un ballet de jeunes enfants a agité des clefs noires
symbolisant les maisons abandonnées écrit une version
unidimensionnelle de l’histoire car autant de Juifs que les
Palestiniens ont été aussi chassés et spoliés
de leur maisons dont ils possèdent, eux aussi, les clefs. Il
y a eu un échange de populations et Israël est quitte
!
Détruire
le mur
Comment, trouver des “paroles de paix”
dans la condamnation du “mur” à l’occasion
de la savante mise en scène de la réception du pape
devant la “barrière de sécurité”
qui n’est pas un mur sur sa plus grande longueur ? Reçu
dans la cour d'une école, à 10 mètres de là,
le pape a déploré qu'" au-dessus de nous, qui sommes
rassemblés ici cet après-midi, s'érige le mur,
rappel incontournable de l'impasse où les relations entre Israéliens
et Palestiniens semblent avoir abouti. Dans un monde où les
frontières sont de plus en plus ouvertes, pour le commerce,
les voyages, le déplacement des personnes, les échanges
culturels, il est tragique de voir des murs continuer à être
construits ". C’est très démagogique de tenir
un tel langage face à un monde arabe où les non musulmans
sont en voie de disparition du fait de l’intolérance,
face à une Palestine dont tous les documents officiels déclarent
qu’il ne doit y avoir aucun Juif qui y réside. Au moment
de prendre congé du président de l'Autorité palestinienne,
Mahmoud Abbas, le pape devient combattif : " J'ai vu le mur qui
fait intrusion dans vos territoires, séparant des voisins et
divisant des familles. Bien que les murs puissent être facilement
construits, nous savons qu'ils ne subsistent pas toujours. Ils peuvent
être abattus. " Le pape a-t-il oublié qu’avant
cette barrière le terrorisme palestinien faisait des ravages
dans les villes israéliennes ? Prônerait-il aux Juifs
le martyre passif sous la main des terroristes ? Comment peut-il évoquer
la globalisation et la fin des frontières dans un milieu où
l’État d’Israël est sans cesse sous la menace
de la destruction totale? En évoquant la possibilité
d’abattre « les murs », ne justifie-t-il pas la
violence ? Comment peut-il définir le fait de ne pas commettre
d’actes terroristes comme un courage, si ce n’est pour
assumer implicitement sa compréhension pour une telle «
tentation » ? « Ayez le courage de résister à
toutes les tentations que vous pourriez ressentir de vous livrer à
des actes de violence ou de terrorisme. Au contraire, permettez que
ce vous avez vécu renouvelle votre détermination à
construire la paix ? » Qu’est-ce qui a été
vécu ? La politique des attentats de l’Autorité
Palestinienne au lendemain d’Oslo ?
Le
“blocus” de Gaza
Quant à la condamnation du blocus de Gaza,
la même mémoire sélective y est à l’oeuvre.
“Soyez assurés de ma solidarité dans l’immense
tache de reconstruction à laquelle vous devez faire face et
de mes prières pour que l’embargo soit bientôt
levé”. Pas un mot sur le Hamas (solidaire avec lui?),
ni sur ses responsabilités (8000 missiles lancés durant
des années sur Israël), ni sur le fait que Gaza a deux
frontières, avec l’Égypte notamment, à
qui il ne tient que d’ouvrir la sienne...
Le
droit à une patrie souveraine sur la terre des ancêtres
On ne peut pas mieux méconnaître la généalogie
du conflit qu’en soutenant la version de l’histoire qui
nourrit la déclaration faite devant Mahmoud Abbas: “Le
Saint Siège soutient le droit de votre peuple à une
patrie palestinienne souveraine sur la terre de ses ancêtres
sûre et en paix avec ses voisins, à l’intérieur
de frontières reconnues au niveau international”. Or,
ce sont les Palestiniens qui ont refusé depuis le début
du XX° siècle toute solution de compromis et de partage,
toute souveraineté dans le cadre d’une solution à
deux États, le dernier refus en date étant celui d’Arafat
devant la proposition de Barak. Qui n’a pas de frontières
reconnues si ce n’est Israël dont les frontières
ont été toujours des frontières d’armistice
consécutives aux guerres déclenchées par les
États arabes? Aujourd’hui même l’Autorité
Palestinienne, pour ne pas mentionner le Hamas, récuse le principe
d’un État juif. Elle a en effet l’ambition ultime
de submerger l’État juif en demandant le retour des “réfugiés”.
Comment parler d’État souverain sur la terre des ancêtres?
Le pape ignore-t-il que pour l’Autorité palestinienne
comme pour le Hamas, la Palestine comprend également le territoire
israélien? Par ailleurs sur le territoire mandataire de la
Palestine, un État arabe a déjà été
créé, peuplé en grande majorité par des
Palestiniens : la Jordanie.
Les
réfugiés
Que signifiait aussi d’aller visiter un “camp”
de réfugiés, sinon accréditer le récit
arabe? Les “réfugiés” palestiniens sont
les seuls réfugiés, parmi des dizaines millions de réfugiés
d’après la deuxième guerre mondiale (Grèce-Turquie,
Pakistan-Inde, et Afrique, Europe, Asie), qui sont restés des
“réfugiés” et pour lesquels une institution
spéciale de l’ONU a même été créée,
l’UNRWA, distincte du Haut commissariat aux réfugiés.
Ils sont les seuls “réfugiés” au monde que
les pays hôtes, pourtant “frères”, n’ont
jamais voulu intégrer, les seuls réfugiés dont
la condition s’hérite de père en fils. Comment
accréditer la version de leur malheur alors que des sommes
fabuleuses sont déversées par les nations du monde et
notamment l’Europe sur la Palestine pour aider à l’amélioration
de leur sort, des sommes qui finissent dans les poches de la bureaucratie
mafieuse de l’OLP?
La démission politique
Le plus étonnant dans ce florilège de discours est le
silence respectueux gardé par le pape sur la situation des
chrétiens en territoires palestiniens et plus largement dans
le monde musulman. L’appel qu’il leur a lancé à
ne pas émigrer et l’exhortation à “être
des bâtisseurs de ponts” n’est ni crédible
ni réaliste. S’il a pu penser qu’en faisant un
discours pro-palestinien il s’attirerait les bonnes grâces
du monde arabe au profit des Arabes chrétiens, il s’est
lourdement trompé car les soutiens des chrétiens sont
clairement du côté d’Israël... La comparaison
des flux de population parle d’elle même. En 1990, les
chrétiens représentaient 60% de la population de Bethlehem,
aujourd’hui, ils ne sont plus que 20% et ce chiffre ne cesse
de baisser du fait de l’oppression dont ils sont victimes dans
les territoires de l’Autorité palestinienne pour ne pas
parler de Gaza. Les chrétiens dans les territoires palestiniens
sont sur le point de disparaître, de 15% de la population en
1950 à moins de 1% actuellement. A l’inverse, en Israël,
leur nombre augmente, passant de 34.000 en 1948 à plus de 140.000
actuellement. Que penser de ce silence sinon qu’il était
une solution de facilité et de basse politique pour se refaire
une réputation en monde musulman aux dépens d’Israël,
après sa sortie de Ratisbonne. Spiritualité ? Message
de paix ?
Les
leçons de la visite
La
vraie finalité du “devoir de mémoire”
Nous avons dans cet épisode un condensé
d’enseignements significatifs. Il confirme le modèle
que j’ai construit pour comprendre le fonctionnement idéologique
du “devoir de mémoire”. La Shoah est devenue le
contrepoids à la reconnaissance de la condition juive dans
le politique et l’histoire, c’est à dire la reconnaissance
des Juifs comme peuple, ce qui est en jeu avec Israël et le sionisme.
La reconnaissance des victimes de la Shoah dans les Juifs (un peuple
mort) justifie la condamnation ou la relégation ou la méconnaissance
des Juifs comme sujet souverain de l’histoire (peuple vivant).
Sur ce plan là du politique, les bénéficiaires
de la mémoire de la Shoah sont les Palestiniens, reconnus,
eux dans les attributs d’un véritable peuple avec tous
les droits qui s’ensuivent et les devoirs pour Israël,
rétrogradé au rang de refuge humanitaire pour Juifs
persécutés, le contraire d’une vraie nation. Cette
condition assigne les Juifs à un rôle sacrificiel, victimaire.
Ils devraient ainsi, si l’on en croit le pape, supporter avec
abnégation les actes terroristes sans réagir.
La deuxième conséquence de ce syndrome malsain constitue
le peuple palestinien en peuple messianique, en fait le véritable
Israël, un vecteur planétaire de l’histoire humaine.
On assiste alors à l’enchantement quasi religieux du
nationalisme palestinien, un des plus rétrogrades de notre
temps, tandis que le sionisme est affublé de tous les ismes
de la répulsion.
La
méthode palestinienne
Il faut aussi dans cet épisode constater l’habilité
palestinienne à mettre en scène la passion christique
de leur peuple. Le décor de la réception du pape est
théâtralement choisi: devant la barrière de sécurité,
avec le lâcher de ballons noirs, un pour chaque année
de l’existence d’Israël, le ballet de jeunes enfants
(évidemment les “enfants”!) avec des clefs noirs
et pour finir le “message de paix” de Mahmoud Abbas lancé
aux Israéliens devant les caméras mondiales, comme pour
faire contraste avec la noirceur israélienne. Il aurait fallu
que le pape se déplace quelques mètres plus loin et
consulte les manuels scolaires de l’Autorité Palestinienne,
allume la télévision palestinienne, lise la presse palestinienne
pour savoir quel message d’hostilité contre les Juifs
(c’est ainsi que sont appelés les Israéliens dans
le langage courant) est constamment diffusé dans cette société.
L’esclandre fait par le cheikh Tamimi, chef des tribunaux islamiques
de l’Autorité palestinienne - ce qui n’est pas
rien - lors du “dialogue interreligieux” organisé
par le pape, est très significatif de l’état de
l’opinion palestinienne. Ce partage entre un leader qui joue
le rôle de la modération et l’autre qui incarne
la guerre est un trait politique commun à tout le monde islamique
(Khamenei-Ahmadinejad en Iran). Le partage Hamas-Autorité Palestinienne
s’inscrit dans un même jeu politique. L’un parle
à l’Occident, l’autre à l’opinion
arabo-islamique.
Le
discours médiatique
Le scénario retenu par le récit médiatique
était déjà prédéterminé
par le rééquilibrage qu’avait permis l’affaire
Williamson. Les médias avaient alors durement stigmatisé
le pape, alors qu’eux mêmes sortaient d’une violente
diatribe de plusieurs semaines contre Israël du fait de la guerre
de Gaza. La condamnation du pape équilibrait sur le plan moral
(devoir de mémoire oblige!) cette critique ressentie au fond
comme abusive. En condamnant le pape, les médias démontraient
qu’ils condamnaient le négationnisme et l’antisémitisme.
C’est donc sur ce plan-là que le pape était attendu
en Israël. Toutes les caméras et les micros furent braqués
sur Yad Vashem et le rapport du “pape allemand” à
la Shoah. Le tournant radical pris par le Vatican à Bethlehem
fut à peine remarqué. Sans doute aussi parce que ce
qui y fut dit correspond à l’opinion commune de la sphère
médiatique, si commune qu’on ne la remarque plus. Et
l’on ne peut ignorer que peut-être aussi le pape a voulu
se “racheter” auprès des médias (en même
temps que de l’opinion musulmane) en adoptant le narratif médiatique
sacro-saint de la cause palestinienne.
L’hémiplégie
du leadership juif
De quoi se plaint-on devant un tel paysage ? Le leadership
juif y a sa part. Voici une quinzaine d’années, il a
fait un choix stratégique catastrophique qui mène aujourd’hui
les Juifs au bord de l’abîme, en donnant à accroire
aux nations du monde que l’intérêt suprême
des Juifs était la reconnaissance de la mémoire de la
Shoah. Depuis tant d’années, des politiques entières,
des budgets considérables, des littératures immenses
ont été consacrés à cette cause aux dépens
des intérêts vitaux des Juifs, avant tout l’État
d’Israël comme entité souveraine, historique et
politique, la survie des communautés juives non pas comme des
conservatoires de la mémoire mais des collectivités
vivantes, créatives, défendant leurs intérêts,
défendant et illustrant la culture du judaïsme. Tous ces
postes ont été abandonnés. Et l’on peut
aller jusqu’à dire que la désaffection des Juifs,
et notamment des jeunes, pour la vie juive en est la conséquence
la plus dramatique. Quelle espérance, quelle jouissance d’être
ce judaïsme-là a-t-il à proposer aux jeunes générations
? Quelle grande œuvre ?
La visite du pape nous donne à le voir à nouveau dans
un mouchoir de poche. Je ne comprends pas la satisfaction que des
représentants du judaïsme affichent officiellement (4).
Ils ne parlent que de la visite à Yad Vashem et pas à
Bethlehem. Ils ne témoignent de souci que pour la mémoire.
Leur oreille est-elle sourde au discours palestinien du pape, ou finalement
sont-ils d’accord avec ce partage entre le martyre pour les
uns et la souveraineté pour les autres ? Je sais que c’est
le gage idéologique qu’il leur faut aujourd’hui
donner pour accéder à la tribune médiatique sous
peine d’être taxé de tous les ismes possibles.
Mais il faut avoir un peu plus confiance en la parole prophétique
d’Israël ! S’ils ne font pas entendre que le dialogue
judéo-chrétien ne peut se faire sur la base de la méconnaissance
de la condition de peuple des Juifs - la cible du nouvel antisémitisme
et donc la chose la plus chère - on ne voit pas pourquoi l’Église
le prendrait en compte. La même chose vaut pour le dialogue
judéo-musulman avec le contentieux historique du judaïsme
sépharade. Le leadership juif a-t-il déjà renoncé
à Israël pour conserver son influence ? Il court le risque
de ne plus représenter que lui même.
Notes :
1 - Cf. mes blogs précédents (« Un scandale qui
tombe à pic ») et plus généralement Les
frontières d’Auschwitz, les dérapages du devoir
de mémoire, Livre de Poche Hachette, 2005.
2 -
http://www.upjf.org/actualites/article-16387-143-7-necsletter-upjforg-9-au-15-mai-2009-couverture-abondante-
visite-pape-en-terre-sainte.html.
3 - Selon les remarques judicieuses rapportées par Nicolas
Baguelin sur son blog (cité par Menahem Macina):http://pape-en-israel.blogs.la-croix.com/nicolas-baguelin/entre-politique-et-religieux/
4 - Le Figaro, vendredi 15 mai 2009.