Qui se souvient
que la célébration du jour de l’an commémore
la circoncision de Jésus ? Sûrement pas les technocrates
de l’Union Européenne qui ont senti le besoin totalement
gratuit de proclamer par la voix de Catherine Ashton, nouveau ministre
de l’Union, leur profession de foi déclarant Jérusalem-Est
comme un territoire occupé par Israël. C’est justement
une « profession de foi » en laquelle on ne peut que détecter
le retour d’un ressentiment archaïque de la conscience
chrétienne envers le peuple juif. La destruction du Temple
et la dispersion des Juifs a longtemps été tenu par
elle pour la preuve de la vérité chrétienne.
Se rend-t-on compte de l’énormité culturelle et
de la profondeur morale abyssale de ce jugement qui décrète
que le peuple juif est un étranger dans Jérusalem ?
Et ce que cela signifie en retour comme démission de soi, de
sa propre histoire, de sa propre identité, pour l’Europe
!
L’empressement
de l’Union Européenne à faire cette déclaration,
sans aucune urgence politique et diplomatique, nous montre combien
il s’agit ici d’un acte compulsif qui nous renseigne sur
le côté passionnel de cette attitude. Quand elle parle
d’Israël, l’Union Européenne parle d’elle-même
et de ses problèmes avec le bloc arabo-musulman, en l’occurrence
l’Organisation de la Conférence Islamique et la Ligue
Arabe. Ces problèmes sont à la fois externes –concernant
la relation entre Etats– et internes, en rapport avec la présence
en Europe d’une population originaire de ces pays et que la
menace du djihad mondial a prise en otage.
C’est un
pouvoir inquiétant qui se profile avec l’Union Européenne
: un pouvoir technocratique qui rabote les identités des Etats
démocratiques qui la constituent et qui a, surtout, des ambitions
mégalomanes. Si la Turquie entre dans l’Union, l’Europe
aura des frontières avec l’Iran et l’Irak, sans
parler de ses ambitions en Méditerranée. Des frontières
avec le Sahara ? C’est un empire qui est en voie de constitution
car je ne vois aucun autre régime de ce genre dans l’histoire.
Or la philosophie de l’histoire juive nous a appris que tout
Empire rencontre dans le peuple d’Israël un empêcheur
de tourner en rond qu’il tente de briser, d’une façon
ou d’une autre. Sans Israël, l’Union Méditerranéenne
serait un fait accompli…
La tentation de
l’Empire qui guette l’Europe tranche cependant sur les
empires passés, car l’Union Européenne se veut
l’incarnation de la morale, des « droits de l’homme
», qui l’autorise à juger ou à condamner,
non pas l’univers, car il y a en Chine, en Amérique Latine,
en Afrique, par exemple, des puissances utiles à ses intérêts
et dont elle a peur, mais au petit Etat d’Israël qui lutte
pour son existence. Ces condamnations sont autant de gages de sa complaisance
qu’elle donne à ses alliés potentiels du monde
islamique. Ainsi quand elle finance une armada d’ONG israéliennes
et palestiniennes dont la seule finalité est d’instruire
un procès permanent d’Israël, elle estime par la
voix de son ambassadeur en Israël, Andrew Stanley, qu’il
ne s’agit pas là d’une instrumentalisation de la
vie politique israélienne mais, je cite, du « respect
total de volontés universelles et de droits de l’homme
». Nous apprenons ainsi que les basses manœuvres de la
diplomatie de l’Union Européenne sont l’incarnation
de l’universel ! On ne peut pas mieux exprimer le vertige de
la puissance et de la démission qui caractérise aujourd’hui
sa politique envers Israël.