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            Le 
            déni de la réalité et ses origines par 
            Shmuel Trigano 
            Éditorial sur Radio J, le 30 octobre 2009 Le 
            réseau Internet a beaucoup glosé sur les déclarations 
            de Jacques Attali au journal israélien Haaretz (16/10/09) : 
            « Il n’y a aucun antisémitisme en France. C’est 
            un mensonge. C’est un pur mensonge... Je pense que c’est 
            de la propagande, de la propagande israélienne ». 
             L’observateur 
            avait noté dans ses carnets d’autres déclarations 
            à l’emporte-pièces qui ne cadrent pas avec le 
            personnage célébré par les institutions et médias 
            communautaires. Dans le journal suisse Le Matin (10 mars 2009) : « 
            le peuple juif a une histoire planétaire et millénaire 
            qui n’a rien à voir avec l’Etat d’Israël 
            ». Dans son Dictionnaire Amoureux du judaïsme 
            où il y a une entrée sur « Palestine » mais 
            pas « Israël », Attali propose comme solution au 
            conflit israélo palestinien que les réfugiés 
            palestiniens se réinstallent en Israël tandis que les 
            Juifs chassés des pays arabes retourneraient dans leurs pays 
            d’origine.  Chacun 
            a pu apprécier ces propos désinvoltes, d’une violence 
            symbolique inouïe. Je remarque néanmoins qu’ils 
            ont pour conséquence de stigmatiser implicitement ceux qui, 
            de 2001 à 2004, ont alerté l’opinion publique 
            nationale de la réalité gravissime du nouvel antisémitisme 
            et de l’avertissement qu’il lançait à la 
            société française dans sa globalité. Quand, 
            en 2001, j’ai créé l’Observatoire du Monde 
            Juif pour rendre publiques les preuves d’environs 500 actes 
            antisémites, nous avons été confrontés 
            à une étrange réaction publique et médiatique 
            –digne de la psychanalyse–, nous accusant de communautarisme 
            et de racisme.  Une 
            part non négligeable de l’intelligentsia et des élites 
            (y compris communautaires) firent chorus à ce jugement accentuant 
            le discrédit et la condamnation de la communauté juive 
            devenue soudain agressive alors qu’elle était sous le 
            coup de multiples agressions.  Il 
            fallut attendre l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère 
            de l’intérieur, une succession de rapports ministériels, 
            Ruffin (2004), Obin (2004), de rapports de la Commission européenne 
            pour que le fait antisémite soit reconnu.  Mais 
            entre temps, le mal avait été fait et on avait désarmé 
            la société face à l’insécurité 
            générale qui n’a pu qu’empirer, par la suite, 
            avec les émeutes des banlieues.  Mais 
            la cause de cette attitude est plus profonde et la suite de l’interview 
            d’Attali, en général négligée par 
            les commentateurs, nous en donne un indice. « La France 
            a la plus importante communauté juive moderne et la plus importante 
            communauté arabo-musulmane moderne. Il est absolument crucial 
            pour Israël et le monde entier que les deux communautés 
            s’entendent. Ces relations sont d’une importance stratégique 
            : s’ils ne peuvent vivre en harmonie ici, ils ne peuvent vivre 
            en harmonie nulle part ».  Il 
            y a là une formulation lapidaire des bases idéologique 
            du déni de la réalité de l’antisémitisme. 
            Et Jacques Attali, qui déclare avoir été très 
            proche de François Mitterrand durant 10 ans, devrait en savoir 
            quelque chose. C’est en effet Mitterrand qui, dans sa deuxième 
            législature, a tenté de rééditer la stratégie 
            du Front antifasciste des années 1930, pour pulvériser 
            la droite –puis le PS dans un deuxième temps (pouvoir 
            personnel oblige !)– en rameutant les Républicains autour 
            de lui contre un « danger Le Pen », alors inventé 
            de toutes pièces.  C’était 
            l’époque où Julien Dray de SOS Racisme consacrait 
            le slogan « Juifs = immigrés », appelant à 
            lutter contre le racisme anti-arabe au nom de la lutte contre l’antisémitisme 
            et le néo-nazisme. L’antisémitisme fut identifié 
            à la seule extrême droite et l’innocence de la 
            communauté de l’immigration établie pour l’éternité. 
            La communauté juive fut lourdement sollicitée à 
            l’appui de cette opération de politique politicienne. Quand 
            les actes antisémites surgirent de certains de ces milieux, 
            cette idéologie s’effondra totalement dans les faits, 
            mais elle fut maintenue dans les discours et les consciences. C’est 
            ce qui donna naissance à ce décalage pathétique 
            entre le discours et le réel qui caractérise la France 
            d’aujourd’hui. Il fallut donc, pour les nécessités 
            de cette idéologie et de ceux qui y ont intérêt, 
            que les Juifs correspondent impeccablement au rôle qu’elle 
            leur assigne, pour sauvegarder les apparences, sous la menace de se 
            voir diabolisés et accusés des maux dont ils souffraient. 
             A 
            l’opposé de cette thèse, il faut rétablir 
            la vérité. Le salut de la France ne dépend pas 
            de l’entente des « deux communautés », selon 
            l’expression de Mitterrand lors de la première guerre 
            du Golfe. Elle est souhaitable, certes, et digne d’être 
            recherchée mais les Juifs sont des citoyens sans problème 
            d’identité vis-à-vis du cadre national qui, seul, 
            doit prévaloir. S’il y a un problème de sécurité 
            et de paix publique, c’est l’Etat seul qui est concerné 
            et responsable. De même, le problème israélo-palestinien 
            n’est pas un problème planétaire : il oppose deux 
            fois 5 à 6 millions de personnes sur un très petit territoire. 
            L’Europe ne trouvera pas de solution à ses problèmes 
            d’immigration par Israël interposé. C’est 
            un bon bouc émissaire de sa démission générale. 
             Il 
            faut en finir avec la mythologie et l’affabulation qui ont parasité 
            les 20 dernières années.  *Éditorial 
            sur Radio J, le 30 octobre 2009.
 Les 
            grands moralistes par 
            Shmuel Trigano Commentaire sur Radio J, le 
            18 octobre 2009 Nous 
            vivons dans une société dont le discours public est 
            profondément corrompu. Tout y est faux et déplacé. 
            C’est la morale elle-même qui est devenue une idéologie.
 Dans le crépuscule des utopies politiques du XXème siècle 
            qui voulurent créer un Homme nouveau, les idéologues 
            se sont rabattus sur la morale. Ils l’ont instrumentalisée 
            pour promouvoir leurs intérêts partisans ou, tout simplement, 
            carriéristes. Sont ainsi apparus sur la scène toute 
            une gamme de figures vertueuses, très vertueuses.
 Cela 
            a commencé dans les années 1980 avec le déclin 
            du socialo-communisme –déclin irrémédiable 
            comme nous le montre le tableau tragi-comique du P.S. aujourd’hui–, 
            quand les droits de l’homme ont cessé d’être 
            une catégorie morale et juridique pour devenir un créneau 
            idéologique. C’est ce qu’il est justifié 
            de définir comme le droits-de-l’hommisme. Ce terme ne 
            vise pas à dénigrer l’idée des droits de 
            l’homme mais l’usage partisan qui en est fait. Ce fut 
            là l’origine de la déliquescence du discours public, 
            au point que la conscience morale se vit réduite au silence, 
            à un exil intérieur qui étouffait son cri.
 Nous avons ainsi vu se multiplier sur la scène médiatique 
            de nouveaux types de discours public : le prêche, l’imprécation, 
            l’accusation, la dénonciation, la remontrance.
 De 
            nouveaux acteurs politiques sont apparus avec les ONG. Voilà 
            des gens qui s’instituent contrôleurs de la morale internationale 
            mais qui ont un agenda politique engagé et surtout n’existent 
            que par les fonds qu’ils obtiennent des Etats et des organisations 
            internationales, avec tout ce que cela comporte de dépendance 
            et de carriérisme pour leurs membres. Cette 
            rhétorique a envahi les médias dont une grande partie 
            des acteurs se comporte à la façon d’un clergé 
            qui contrôle tout mais que personne ne contrôle. Certains 
            intellectuels ont cédé à la facilité de 
            se prendre pour de grands esprits sur la montagne. Et les bureaucrates 
            des partis sont devenus de vertueux personnages, faisant sans répit 
            la morale tout azimuts, sauf à eux-mêmes. Cet étrange 
            ministère de la parole publique nous rappelle la notion de 
            « faux prophète ». Qui est le faux prophète 
            ? C’est celui qui utilise la vision du réel dans un sens 
            utilitaire. C’est celui qui fait de la parole/davar une lèpre/dever, 
            c’est celui qui détourne la puissance de vérité 
            qu’il y a dans le langage pour en faire une rhétorique 
            creuse. Quand cela touche à la morale, c’est que la société 
            est en danger.  Plus 
            que d’une critique prophétique de ce dévoiement, 
            nous avons besoin d’un Molière pour portraiturer les 
            précieuses et les ridicules de notre temps.  La 
            cause d’Israël est un test pour prendre la mesure de ce 
            travers. Quelques cas récents nous le montrent, et notamment 
            le phénomène d’opinion qui s’est produit 
            autour de l’opération « Plomb durci » à 
            Gaza. Révélation a été faite du fait que 
            toutes les ONG israéliennes et une kyrielle d’associations 
            qui font le procès permanent d’Israël et du sionisme, 
            étaient en vérité le bras caché de l’Union 
            Européenne et de ses gouvernements, cherchant à influencer 
            du dedans la vie politique israélienne et à mettre en 
            œuvre une réprobation morale de ses actes. Des instituts 
            comme NGO Monitor ou des chercheurs comme Malka Markovitch ont clairement 
            démontré la fausseté des allégations de 
            ces pseudo-moralistes.  Récemment, 
            le Secrétaire Général de l’ONU a accusé 
            Israël de violer le droit international, mais quelle valeur cette 
            condamnation a-t-elle pour quelqu’un qui a sciemment occulté 
            l’extermination par le gouvernement du Sri Lanka de plusieurs 
            millions de personnes ? Et le moraliste Obama, cinglant envers Israël, 
            qu’a-t-il dit pour les bavures au Pakistan, en Afghanistan ? 
            On n’a jamais entendu les grands moralistes à ce propos, 
            pas de manifestation ni de boycott. A peine une mention dans les médias. 
            Et la France qui emboîte le pas à Obama, qui condamne 
            vertement, alors que sous Mitterrand elle a une part de responsabilité 
            accablante dans le génocide du Rwanda ?
 Non, la morale ne peut pas être à sens unique. Et nous 
            aussi nous pouvons faire le procès de ces turpitudes. Mais 
            nous ne l’avons pas fait.
 *Commentaire 
            sur Radio J, le 18 octobre 2009.
 Un 
            prix Nobel significatif par 
            Shmuel Trigano Commentaire sur Radio J le 
            2 octobre 2009 L’attribution 
            du Prix Nobel de la Paix à Barack Obama tient de ce que les 
            psychanalystes appellent un lapsus, c’est-à-dire un acte 
            incontrôlé et aberrant qui révèle un syndrome 
            psychique dans sa profondeur insoupçonnée et inconsciente. 
             Il 
            y a de quoi en effet. Attribuer ce prix à un personnage qui 
            n’a fait jusqu’à ce jour qu’exercer le ministère 
            de la parole et prendre des postures, pour l’instant sans lendemain, 
            et qui, par son credo en politique internationale, pourrait avoir 
            sapé durablement les positions de son pays et de l’Occident, 
            a quelque chose d’erratique.  Les 
            commentateurs évoquent parmi les principales raisons de cette 
            nomination le pathétique discours du Caire, le choix de la 
            temporisation face à l’Iran et, bien sûr, la dureté 
            envers Israël : à leurs yeux, autant d’indices d’une 
            politique de paix. Ceux-ci nous mettent sur la voie.  Ce 
            que les jurés d’Oslo ont voulu mettre en avant, pour 
            la conforter et la célébrer, c’est bien sûr 
            la nouvelle donne de la politique américaine envers Israël. 
            Le caricaturiste du journal Le Monde, Plantu, ne s’y est pas 
            trompé avec un dessin très choquant dans lequel on voit 
            Obama descendre du ciel, porté par les colombes de la paix, 
            et se poser devant un Netanyahou renfrogné, debout dans un 
            tank, portant bien en évidence l’étoile de David, 
            un tank qui bien sûr écrase un enfant au keffieh qui 
            sourit, lui, à Obama, en brandissant un drapeau palestinien.
 Plantu a très bien saisi l’intention de l’attribution 
            du Prix Nobel dans un pays qui s’est illustré par l’affaire 
            récente accusant l’armée israélienne de 
            voler les organes des Palestiniens qu’elle aurait tués, 
            dans un pays qui a conçu le processus d’Oslo, ce processus 
            de guerre déguisé en processus de paix. Un pays au sein 
            d’une région, les pays scandinaves, qui s’est faite 
            remarquer par un antisémitisme virulent depuis 10 ans, des 
            pays qui sont les apôtres du renoncement national sous le masque 
            de l’humanitarisme et qui ont l’ambition de faire la morale 
            à l’univers.
 Tout 
            un paysage psychologique de l’Europe contemporaine se cache 
            derrière ce Prix Nobel. Son obsession d’Israël est 
            centrale, je dirais même fondatrice : elle est mue par deux 
            traumatismes qui la tourmentent, la mémoire de la Shoa et le 
            choc démographique de l’immigration qui ébranle 
            son identité. L’Europe croit qu’en faisant la paix 
            entre Israël et le monde arabe, elle assurera la paix civile 
            dans ses frontières. Mais cette paix implique, à ce 
            que nous constatons, la transformation de l’Etat d’Israël 
            en cause humanitaire, dans le recul de sa souveraineté nationale 
            devant la Palestine (qui elle est bien sûr légitimement 
            arabe et islamique).  Le 
            souhait profond de l’Europe, enchâssé dans la mémoire 
            de la Shoa officielle, c’est qu’Israël ne soit pas 
            plus qu’une victime, tolérée d’exister pour 
            des raisons humanitaires. C’est ce qui explique pourquoi l’Union 
            Européenne et de nombreux Etats européens financent 
            à bout de bras de pseudo organisations non gouvernementales 
            israéliennes et palestiniennes –et jusqu’au mouvement 
            Shalom Akhchav semble-t-il, au mouvement des Accords de Genève– 
            des organismes dont l’unique rôle est de fustiger Israël 
            dans ses fonctions étatiques pour son amoralité et sa 
            barbarie.  La 
            critique semble ainsi venir du dedans de la démocratie israélienne 
            –qui a bon dos d’être célébrée 
            dans ces cas-là– mais elle est entièrement téléguidée. 
            On pourrait dire la même chose d’une part importante du 
            nouveau cinéma israélien qui forge une image trouble 
            d’Israël. Sait-on que la France a financé 18 films 
            israéliens ? Quelle image d’Israël guide donc les 
            organismes de subvention ? Que cherchent-ils à démontrer 
            ? Et les créateurs israéliens ont compris ce qu’il 
            fallait proposer pour rencontrer le succès. On pourrait dire 
            la même chose des médias et de l’édition 
            qui favorisent une flopée de livres de dénigrement et 
            d’accusation et entretiennent une situation de crise permanente. 
             Ainsi, 
            le débat intérieur à Israël, débat 
            légitime, se voit-il externalisé et devenir l’écran 
            de projection des problèmes propres à l’Europe 
            et à ses ambitions de pouvoir sans limite. N’oublions 
            pas que si la Turquie entre dans l’Europe, les frontières 
            de celle-ci seront la Syrie et l’Irak : tout est dit. Entre 
            temps, ce syndrome européen est une machine à produire 
            et banaliser l’antisémitisme, évidemment de façon 
            très morale.  *Commentaire 
            sur Radio J, le 2 octobre 2009.
 Une 
            guerre des Juifs ? par 
            Shmuel Trigano 
            (Pour une part, le commentaire présenté sur Radio J, 
            le vendredi 2 octobre 2009) On 
            n’a pas assez réfléchi aux conséquences 
            possibles du rapport Goldstone sur l’opération « 
            Plomb durci » à Gaza. Profondément défaillant 
            sur sa méthode d’investigation, il compare l’État 
            d’Israël à l’organisation terroriste du Hamas 
            et l’accuse de crimes de guerres et de crimes contre l’humanité. 
             L’accusation 
            n’est pas nouvelle parmi les ennemis d’Israël. La 
            seule différence, c’est qu’elle est endossée 
            en bonne et due forme (1) par une institution internationale qui leur 
            fournit ainsi un acte d’accusation juridique pour fonder leur 
            entreprise mondiale de délégitimation.  Il 
            est possible que ce rapport reste sans lendemain, ce que je ne crois 
            pas, mais il nous rappelle qu’il ne faut nullement négliger 
            la guerre symbolique qui se livre aujourd’hui contre Israël 
            et, plus largement, le peuple juif. N’oublions pas qu’on 
            avilit moralement un ennemi avant de le supprimer. On le déshumanise 
            pour mieux l’abattre moralement (2). Il faut regretter que le 
            leadership juif dans tous les pays n’ait pas encore compris 
            que là était pour l’instant la clef de la bataille 
            qui se livre depuis 10 ans, lorsque nous sommes entrés dans 
            sa phase la plus accélérée, car le projet de 
            l’extermination du peuple juif n’est pas nouveau.  Sur 
            le plan des symboles, dans ce rapport Goldstone, c’est le Juge 
            Goldstone lui-même qui est significatif. Il est effectivement 
            juif, pratiquant et sioniste même, ajoute la rumeur, avec des 
            antécédents de lutte contre l’Apartheid en Afrique 
            du Sud.  Il 
            n’est pas dénué de sens que l’ONU ait choisi 
            un tel profil pour exécuter ses basses œuvres contre Israël. 
            Il lui assurait l’impunité morale et la garantie de l’impartialité. 
            Pensez donc, si un Juif le dit ! Alors c’est vrai.
 C’est là un cas de figure que nous rencontrons régulièrement 
            depuis 10 ans. Il y a le Juge Goldstone, il y a aussi l’entourage 
            juif d’Obama, leviers de sa politique moyen orientale, et combien 
            d’autres cas… On a vu surgir dans tous les pays occidentaux 
            toute une galerie de personnages juifs prenant des poses de pères-la 
            vertu et de sages au-dessus de la mêlée pour jeter l’opprobre 
            sans fondements sur d’autres Juifs et notamment Israël.
 C’est 
            un phénomène unique que l’on ne rencontre que 
            dans le monde juif et qui soulève de sérieuses questions 
            sur la puissance de l’instinct de mort en lui. On a parlé 
            de haine de soi, on a parlé d’alterjuifs (3) pour définir 
            ce type d’identité, mais le problème est plus 
            profond, plus vaste. Il n’est pas récent mais consubstantiel 
            à la condition juive.  Les 
            accusateurs publics auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui 
            sont dans la plupart des cas d’origine juive, 
            beaucoup sont israéliens. C’est un fait massif qui n’a 
            pas été assez souligné. Or, nous avons constaté, 
            durant ces années, que le fait d’être juif ne prémunit 
            nullement contre l’antisémitisme. En l’occurrence, 
            le rapport Goldstone s’apparente à une accusation de 
            crime rituel quand on y lit qu’Israël a « délibérément 
            terrorisé une population civile » et que « la violence 
            israélienne contre les civils relève d’une politique 
            délibérée ». Je ne peux me livrer dans 
            ce cadre à une étude détaillée des malversations 
            et des manipulations qui caractérisent ce rapport (4). Est-ce 
            étonnant quand on sait que l’ONU et le Conseil des Droits 
            de l’Homme sont sous l’influence des 60 États membres, 
            très démocratiques comme on le sait, de l’Organisation 
            de la Conférence Islamique ? Il 
            est temps d’entamer une sérieuse réflexion sur 
            ce phénomène. Que recherche cette mouvance ? Sauver 
            sa peau parce qu’elle pressent une impasse prochaine ? C’est 
            effectivement un mauvais indice psychosociologique d’une tragédie 
            qui est peut-être en train de se préparer sous nos yeux 
            de spectateurs impuissants (5). Jouer sans danger aux grands moralistes 
            sur la montagne ? C’est comme la fameuse boutade sur la morale 
            kantienne : « Kant a les mains pures, mais ils n’a pas 
            de mains ». Régler son compte à une judéité 
            mal assumée ? Leur malaise élevé à une 
            doctrine empoisonnerait le monde, en tel cas. Servir, plus prosaïquement, 
            un carriérisme ? Il est en effet prouvé que la position 
            qu’ils défendent est le « sésame ouvre-toi 
            » des médias, des prébendes et des honneurs. C’est 
            ce qui fonde justement la prépondérance de facto de 
            leur discours et la censure qui pèse sur nombre d’intellectuels 
            juifs dans la presse, les arènes publiques et les plateaux 
            de télévision où ils ne sont invités que 
            pour être « exécutés » publiquement 
            sur le pan de leur respectabilité intellectuelle et morale. Leur 
            posture est doublement amorale, parce que leur jugement est infondé 
            (on peut reprendre une à une toutes les pièces du dossier 
            pour les contester) et parce qu’il est lancé à 
            la cantonade au moment où les Juifs sont en butte à 
            l’hostilité, comme pour hurler avec les loups. Elle témoigne 
            surtout d’un terrible manque de sens politique parce que le 
            discrédit rejaillira toujours sur eux et les emportera, en 
            premier, dans la tourmente qu’ils auront attisée. C’est 
            justement parce qu’ils sont juifs qu’ils jouent le rôle 
            qui leur est assigné par l’idéologie dominante. 
            Et c’est ce qui les exclura ipso facto de ses rangs. Qu’on 
            ne me dise pas qu’il y va de la liberté d’opinion 
            et de critique (6). Il suffit de se livrer à une comparaison 
            pour constater que le discours des détracteurs et des dénonciateurs 
            est abusif et excessif dans la mesure où aucun autre État 
            dans le monde, et parmi les pires cas, n’est sujet à 
            une telle attaque symbolique. Non, c’est de bien autre chose 
            qu’il s’agit, d’un phénomène pathologique, 
            d’une corruption du débat démocratique qui caractérise 
            le monde juif, comme nulle part ailleurs. La 
            question n’est pas uniquement morale et spirituelle. Elle est 
            politique et stratégique : une guerre des Juifs est-elle en 
            train de se dérouler aujourd’hui ? Répondre à 
            cette question déchirante décidera de la capacité 
            des Juifs de faire face à cette situation.  J’ai 
            en tête une mémoire historique très précise. 
            Quand j’entends (7) Élie Barnavi, qui fut ambassadeur 
            d’Israël, déclarer souhaiter que « la paix 
            » soit imposée à Israël par les États-Unis 
            et tout spécialement Barak Obama, sans autre forme de procès 
            et au mépris du choix démocratique des Israéliens 
            qu’il invoque pourtant sans cesse, quand je lis que toutes les 
            pseudo Organisations « Non gouvernementales » (O.N.G.) 
            des droits de l’homme en Israël et parmi les Palestiniens 
            sont financées par l’Union Européenne et ses États 
            pour mener leur politique d’accablement humanitaire d’Israël 
            au service de leur politique pro-arabe, cela me rappelle irrésistiblement 
            le début de l’époque finale du deuxième 
            État juif (détruit en l’an 70) quand une faction 
            d’une société alors en proie à une guerre 
            civile en appela (en - 63) à l’empire romain, au consul 
            et général Pompée, pour triompher de ses adversaires. 
            Pour la suite que l’on sait.  La 
            question à laquelle nous devons nous confronter soir et matin 
            - et c’est déjà le cas depuis 10 ans pour les 
            plus clairvoyants - est de savoir si nous sommes en train d’assister 
            au processus qui conduira à la destruction de l’État 
            d’Israël. Il faut le dire clairement et que chacun prenne 
            ses responsabilités devant l’histoire et la conscience. 
             Notes 1 
            - Cette caractéristique n’est vraie que parce que le 
            Rapport est certifié par une institution. Selon le rapporteur 
            lui même : « Ce n’était pas une enquête 
            [criminelle], mais une mission d’établissement des faits 
            [fact-finding] […] Nous devions faire de notre mieux avec le 
            matériau à notre disposition. S’il s’était 
            agi d’un tribunal, rien n’aurait pu être prouvé. 
            » (Goldstone, interviewé par "Forward", 
            le 2 octobre, Forward.com, October 07, 2009, issue of October 16, 
            2009) , cf. pour l’article de Forward :http://www.upjf.org/actualitees-upjf/article-17255-145-7-goldstone-court-lac-would-have-been-nothing-proven-gal-beckerman.html#). 
            Le problème est que ces faits sont établis uniquement 
            sur la foi des « témoignages » des gens de Gaza 
            (sur l’affaire de la mort de la Samouni, voir l’étude 
            de Anna Lifschitz Krams, « La presse et Gaza, histoire du massacre 
            de Zeitoun ») (Controverses, 11, mai 2009). Le Rapport est une 
            pure accusation laissant à Israël le soin de se disculper 
            : « ce ne sera pas un problème embarrassant pour 
            moi si l’investigation israélienne prouve que nombre 
            des faits avancés dans ce rapport sont infondés 
            ».L’accusation sans fondement aura été entre 
            –temps lancée. Personne ne prêtera plus attention 
            à la démonstration du contraire. « Mentez, il 
            en restera toujours quelque chose... »
  
            2 - Le fait que c’est le seul État du monde à 
            être l’objet d’une condamnation « morale », 
            alors que ceux-là même qui le condamnent sont les dictatures 
            les plus obscurantistes de la planète et que les États 
            sont tous des monstres de la « Raison d’État », 
            est un indice très significatif de l’identité 
            d’Israël, même chez ses pires détracteurs. 3 
            - Cf. « 
            Les Alterjuifs », Controverses n° 7, 
 4 - La démonstration, point par point, a été 
            faite en anglais par NGO Monitor : « Goldstone 
            Report: 575 pages of NGO "cut and paste" » , « 
            Two NGO Monitor reports on Goldstone :1) House 
            of Cards: NGOs and the Goldstone Report ; 2) Made 
            in Europe: How government funded NGOs shaped the Goldstone report
 5 
            - Exactement le même phénomène s’est produit 
            avant la deuxième guerre mondiale. A l’époque 
            de la guerre froide, ce fut au tour des Juifs communistes à 
            monter sur la scène de l’autodestruction. Dans toutes 
            les occurrences de ce travers, il y avait un indice sociologique de 
            la pression ambiante exercée sur les Juifs, annonçant 
            un assaut à leur encontre.  
            6 - Sur ce plan-là, personne n’a à me faire de 
            leçons. Un travail de 40 ans, durant lesquels je n’ai 
            pas fait l’économie d’une critique du monde juif, 
            le démontre.  
            7 - Les Matins de France Culture, 1/10/2009. Entre autres déclarations: 
            ”James Baker ... a dit, on l’a enregistré… 
            « we will screw the Jews » on va baiser les Juifs. 
            C’était de la musique à mes oreilles”.
  
 L’ultra-orthodoxie 
            face à l’histoire Par 
            Shmuel Trigano Chronique prononcée sur Radio 
            J, le vendredi 31 juillet 2009. Nous 
            sortons de la période de deuil du mois d’Av. Entre le 
            17 Tamouz et le 9 Av, tout au long de l’histoire, se sont produites 
            de nombreuses catastrophes. Je voudrais commenter une déclaration 
            du leader spirituel du parti Shas, qui est en même temps une 
            autorité en matière de droit halakhique, le Rabbin Ovadia 
            Yossef.  Il 
            déclare dans le journal Maariv que les victimes de la Shoa 
            ont été “les réincarnations des âmes 
            pécheresses issues des précédentes générations” 
            et que la Shoah “comme toutes les calamités 
            qui ont frappé le peuple d’Israël est rattachée 
            au crime du Veau d’or. Les tragédies endurées 
            à travers les générations, la Shoah, l’Inquisition, 
            en font partie”. Il reconnaît que parmi les victimes 
            de la Shoah, il y avait “des hommes bien. Mais ils ont été 
            punis pour les fautes des générations précédentes. 
            Tout le monde veut trouver une explication à la Shoah: malheur 
            à nous qui avons péché. Il va sans dire que nous 
            croyons à la réincarnation. La Shoah est la réincarnation 
            de nos âmes. Notre maître, le Ari (Itzhak Louria) a dit 
            qu’il n’y a aucune nouvelle âme dans notre génération. 
            Toutes ont déjà existé avant de revenir dans 
            ce monde”. Outre 
            leur caractère cinglant et attentatoire à la dignité 
            des gens, ces propos laissent entendre une erreur doctrinale importante 
            quant au judaïsme, dont les conséquences existentielles 
            et politiques sont lourdes, notamment quand ils inspirent les milieux 
            religieux. Plus grave: ils ont des effets directs, par le biais du 
            parti Shas, sur la politique israélienne. Trois 
            erreurs doctrinales Qu’est 
            ce qui se dégage immédiatement de cette théorie? 
            Trois idées étrangères au judaïsme qui, 
            du point de vue de la pensée, n’est pas une auberge espagnole 
            où chacun trouverait ce qu’il y apporte.  La 
            plus puissante est l’idée chrétienne de “péché 
            originel”, en l’occurrence, la faute du Veau d’or, 
            dont les Juifs ne cesseraient de subir les conséquences, quoi 
            qu’ils fassent et quelle que soit leur moralité et leur 
            responsabilité. Ils ne pourraient rien faire par leurs propres 
            actes pour s’en libérer (si ce n’est adhérer 
            au Shas?). La 
            deuxième idée, qui en découle, et qui est le 
            propre de l’islam, est celle de la fatalité, du “mektoub”. 
            C’était écrit depuis le Veau d’or que l’Inquisition, 
            puis la Shoa (et demain quoi?) devaient se produire. La condition 
            juive est ainsi vouée à la passivité, à 
            la souffrance et au martyre. Enfin, 
            la troisième idée est hautement problématique. 
            Elle vient de la kabbale d’Itzhak Louria, par ailleurs un immense 
            mystique: la thèse de la réincarnation des âmes. 
            Or, cette thèse n’a aucune base, ni aucune source dans 
            les textes du judaïsme ni aucune possibilité de se développer 
            dans la cohérence intellectuelle de son système. Elle 
            est par contre typique du bouddhisme et de sa philosophie du Karma, 
            une doctrine qui ne peut admettre, ni concevoir, l’idée 
            de création et qui est donc à l’opposé 
            du monothéisme et de sa conception du temps. Le salut des âmes 
            est trouvé dans l’immanence pour la philosophie du karma, 
            au terme d’une très longue séquence temporelle 
            (de réincarnations successives) alors qu’il est trouvé 
            dans la transcendance et dans ce monde-ci dans le monothéisme, 
            car contrairement au bouddhisme, la loi divine offre un moyen aux 
            hommes de se refaire une âme. Il y a ici un paradoxe... Si 
            le rabbin Ovadia Yossef est un grand décisionnaire juridique, 
            il est un penseur juif problématique. Or, la cohérence 
            intellectuelle du judaïsme n’est pas moins importante que 
            sa rationalité juridique. Contrairement aux idées reçues, 
            le judaïsme n’est pas une orthopraxie aveugle et matérialiste. 
            C’est aussi une pensée, sans être, en principe, 
            une “orthodoxie”. Indépendamment de cette question, 
            ses idées forment un système rationnellement cohérent 
            sur le plan global du modèle de civilisation.  Les 
            présupposés intellectuels du Rabbin Ovadia Yossef retentissent 
            nécessairement sur l’esprit et la psychologie qui inspirent 
            ses décisions en matière de halakha.  Responsabilité 
            versus passivité Il 
            y a, à la base de cette perspective, une méprise patente 
            sur le sens de la pensée prophétique, dont elle recommande 
            implicitement: une confusion entre la responsabilité et la 
            fatalité. Il est vrai que, face aux drames de l’histoire, 
            les prophètes bibliques appellent Israël à examiner 
            les fautes morales qui ont pu les provoquer. A leurs yeux, l’histoire 
            du monde n’est pas sous l’empire de l’absurde et 
            du hasard mais elle se déroule dans l’horizon de l’ordre 
            de la création et de l’alliance sinaïtique. Tout 
            désordre de l’histoire reflète un désordre 
            de l’humain. L’ordre, cependant, n’est pas une assignation 
            à un destin clos mais un horizon promis à travers la 
            fidélité à l’alliance et à ses lois. 
            L’homme est donc, en définitive (car il est néanmoins 
            un être créé) le maître de son histoire: 
            il peut y réparer ses erreurs, en s’efforçant 
            d’ajuster sa vie aux normes de l’alliance. Le jugement 
            des âmes est ainsi en suspens, c’est pourquoi le repentir 
            et le pardon sont possibles. Si 
            l’on couple cette théorie avec celle de la réincarnation, 
            l’appel à la responsabilité devient la soumission 
            à la fatalité. C’est une idée fondamentalement 
            étrangère à la pensée juive, j’entends 
            à sa cohérence interne même si des Juifs ont pu 
            la forger. En d’autres lieux, on parlerait d’hérésie 
            théologique. Et l’on constate à ce propos combien 
            le dédain des milieux ultra-orthodoxes pour la pensée 
            juive peut avoir d’influences négatives sur la qualité 
            de leur étude exclusivement talmudique. Mais 
            cette conception provoque des dégâts existentiels car 
            elle encourage, sur le plan de l’individu et de la collectivité, 
            une démission devant les défis de l’existence 
            et une soumission au destin. Elle a des effets politiques car elle 
            ne peut qu’être hostile à l’assomption de 
            la souveraineté qui implique une attitude assumant la condition 
            de sujet collectif et de volonté, et cette démission 
            devant l’histoire, engendrant des catastrophes sans fin, définit 
            bien la doctrine politique défaillante de l’ultra-orthodoxie 
            et donc du Shas qui ambitionne d’être un parti de gouvernement. 
             Décidemment, 
            la révolution mentale que fut le sionisme politique est encore 
            à venir. Elle est commandée par le refus du destin et 
            de la condition victimaire, couplé au projet volontariste et 
            actif de rédimer le sort collectif du peuple juif.  A 
            voir l’impact gravissime que l’ultra-orthodoxie a aujourd’hui 
            sur le judaïsme, force est de constater que les Juifs ne sont 
            pas encore sortis de l’aliénation... C’est comme 
            si ils se mettaient dans la peau de victimes passives d’une 
            catastrophe qui, dans ces conditions, ne peut que se produire.  Réveillons-les!   L’ultra-orthodoxie 
            face à l’histoire Par 
            Shmuel Trigano Chronique prononcée sur Radio 
            J, le vendredi 31 juillet 2009. Nous 
            sortons de la période de deuil du mois d’Av. Entre le 
            17 Tamouz et le 9 Av, tout au long de l’histoire, se sont produites 
            de nombreuses catastrophes. Je voudrais commenter une déclaration 
            du leader spirituel du parti Shas, qui est en même temps une 
            autorité en matière de droit halakhique, le Rabbin Ovadia 
            Yossef.  Il 
            déclare dans le journal Maariv que les victimes de la Shoa 
            ont été “les réincarnations des âmes 
            pécheresses issues des précédentes générations” 
            et que la Shoah “comme toutes les calamités 
            qui ont frappé le peuple d’Israël est rattachée 
            au crime du Veau d’or. Les tragédies endurées 
            à travers les générations, la Shoah, l’Inquisition, 
            en font partie”. Il reconnaît que parmi les victimes 
            de la Shoah, il y avait “des hommes bien. Mais ils ont été 
            punis pour les fautes des générations précédentes. 
            Tout le monde veut trouver une explication à la Shoah: malheur 
            à nous qui avons péché. Il va sans dire que nous 
            croyons à la réincarnation. La Shoah est la réincarnation 
            de nos âmes. Notre maître, le Ari (Itzhak Louria) a dit 
            qu’il n’y a aucune nouvelle âme dans notre génération. 
            Toutes ont déjà existé avant de revenir dans 
            ce monde”. Outre 
            leur caractère cinglant et attentatoire à la dignité 
            des gens, ces propos laissent entendre une erreur doctrinale importante 
            quant au judaïsme, dont les conséquences existentielles 
            et politiques sont lourdes, notamment quand ils inspirent les milieux 
            religieux. Plus grave: ils ont des effets directs, par le biais du 
            parti Shas, sur la politique israélienne. Trois 
            erreurs doctrinales Qu’est 
            ce qui se dégage immédiatement de cette théorie? 
            Trois idées étrangères au judaïsme qui, 
            du point de vue de la pensée, n’est pas une auberge espagnole 
            où chacun trouverait ce qu’il y apporte.  La 
            plus puissante est l’idée chrétienne de “péché 
            originel”, en l’occurrence, la faute du Veau d’or, 
            dont les Juifs ne cesseraient de subir les conséquences, quoi 
            qu’ils fassent et quelle que soit leur moralité et leur 
            responsabilité. Ils ne pourraient rien faire par leurs propres 
            actes pour s’en libérer (si ce n’est adhérer 
            au Shas?). La 
            deuxième idée, qui en découle, et qui est le 
            propre de l’islam, est celle de la fatalité, du “mektoub”. 
            C’était écrit depuis le Veau d’or que l’Inquisition, 
            puis la Shoa (et demain quoi?) devaient se produire. La condition 
            juive est ainsi vouée à la passivité, à 
            la souffrance et au martyre. Enfin, 
            la troisième idée est hautement problématique. 
            Elle vient de la kabbale d’Itzhak Louria, par ailleurs un immense 
            mystique: la thèse de la réincarnation des âmes. 
            Or, cette thèse n’a aucune base, ni aucune source dans 
            les textes du judaïsme ni aucune possibilité de se développer 
            dans la cohérence intellectuelle de son système. Elle 
            est par contre typique du bouddhisme et de sa philosophie du Karma, 
            une doctrine qui ne peut admettre, ni concevoir, l’idée 
            de création et qui est donc à l’opposé 
            du monothéisme et de sa conception du temps. Le salut des âmes 
            est trouvé dans l’immanence pour la philosophie du karma, 
            au terme d’une très longue séquence temporelle 
            (de réincarnations successives) alors qu’il est trouvé 
            dans la transcendance et dans ce monde-ci dans le monothéisme, 
            car contrairement au bouddhisme, la loi divine offre un moyen aux 
            hommes de se refaire une âme. Il y a ici un paradoxe... Si 
            le rabbin Ovadia Yossef est un grand décisionnaire juridique, 
            il est un penseur juif problématique. Or, la cohérence 
            intellectuelle du judaïsme n’est pas moins importante que 
            sa rationalité juridique. Contrairement aux idées reçues, 
            le judaïsme n’est pas une orthopraxie aveugle et matérialiste. 
            C’est aussi une pensée, sans être, en principe, 
            une “orthodoxie”. Indépendamment de cette question, 
            ses idées forment un système rationnellement cohérent 
            sur le plan global du modèle de civilisation.  Les 
            présupposés intellectuels du Rabbin Ovadia Yossef retentissent 
            nécessairement sur l’esprit et la psychologie qui inspirent 
            ses décisions en matière de halakha.  Responsabilité 
            versus passivité Il 
            y a, à la base de cette perspective, une méprise patente 
            sur le sens de la pensée prophétique, dont elle recommande 
            implicitement: une confusion entre la responsabilité et la 
            fatalité. Il est vrai que, face aux drames de l’histoire, 
            les prophètes bibliques appellent Israël à examiner 
            les fautes morales qui ont pu les provoquer. A leurs yeux, l’histoire 
            du monde n’est pas sous l’empire de l’absurde et 
            du hasard mais elle se déroule dans l’horizon de l’ordre 
            de la création et de l’alliance sinaïtique. Tout 
            désordre de l’histoire reflète un désordre 
            de l’humain. L’ordre, cependant, n’est pas une assignation 
            à un destin clos mais un horizon promis à travers la 
            fidélité à l’alliance et à ses lois. 
            L’homme est donc, en définitive (car il est néanmoins 
            un être créé) le maître de son histoire: 
            il peut y réparer ses erreurs, en s’efforçant 
            d’ajuster sa vie aux normes de l’alliance. Le jugement 
            des âmes est ainsi en suspens, c’est pourquoi le repentir 
            et le pardon sont possibles. Si 
            l’on couple cette théorie avec celle de la réincarnation, 
            l’appel à la responsabilité devient la soumission 
            à la fatalité. C’est une idée fondamentalement 
            étrangère à la pensée juive, j’entends 
            à sa cohérence interne même si des Juifs ont pu 
            la forger. En d’autres lieux, on parlerait d’hérésie 
            théologique. Et l’on constate à ce propos combien 
            le dédain des milieux ultra-orthodoxes pour la pensée 
            juive peut avoir d’influences négatives sur la qualité 
            de leur étude exclusivement talmudique. Mais 
            cette conception provoque des dégâts existentiels car 
            elle encourage, sur le plan de l’individu et de la collectivité, 
            une démission devant les défis de l’existence 
            et une soumission au destin. Elle a des effets politiques car elle 
            ne peut qu’être hostile à l’assomption de 
            la souveraineté qui implique une attitude assumant la condition 
            de sujet collectif et de volonté, et cette démission 
            devant l’histoire, engendrant des catastrophes sans fin, définit 
            bien la doctrine politique défaillante de l’ultra-orthodoxie 
            et donc du Shas qui ambitionne d’être un parti de gouvernement. 
             Décidemment, 
            la révolution mentale que fut le sionisme politique est encore 
            à venir. Elle est commandée par le refus du destin et 
            de la condition victimaire, couplé au projet volontariste et 
            actif de rédimer le sort collectif du peuple juif.  A 
            voir l’impact gravissime que l’ultra-orthodoxie a aujourd’hui 
            sur le judaïsme, force est de constater que les Juifs ne sont 
            pas encore sortis de l’aliénation... C’est comme 
            si ils se mettaient dans la peau de victimes passives d’une 
            catastrophe qui, dans ces conditions, ne peut que se produire.  Réveillons-les!
     La 
            bataille de Jérusalem Shmuel 
            Trigano  
            27 juillet 2009 Il 
            y a quelques jours nous avons appris que Barak Obama considérait 
            Jérusalem « Est » comme une colonie. Le ministre 
            français des affaires étrangères lui a aussitôt 
            mimétiquement emboité le pas en convoquant l’ambassadeur 
            d’Israël pour lui intimer de cesser immédiatement 
            toute « colonisation » de la ville. Il est fort probable 
            que l’Union européenne le suive de sorte qu’une 
            unanimité mondiale risque de peser sur Israël, jusqu’à 
            l’étouffer et surtout le diviser (1), car l’esprit 
            de la démission souffle sur ses élites comme sur les 
            élites occidentales.  C’est 
            le premier signe avant-coureur de la future bataille de Jérusalem 
            qui décidera de l’avenir de l’Etat d’Israël 
            et, par ricochet, du peuple juif dans son ensemble et du judaïsme. 
            Ce ne sont pas des terrains ni un espace qui sont en jeu quoique cette 
            dimension soit importante. Après la division de Berlin, ce 
            sera la première ville que la dénommée « 
            communauté internationale » entreprendra de rediviser. 
            L’ironie veut que ceux là même qui condamnent la 
            barrière de sécurité, destinée à 
            repousser le terrorisme sanglant que l’Autorité palestinienne 
            pratiqua durant des années contre la population civile israélienne, 
            sont ceux qui aspirent à reconstruire un mur dans Jérusalem. 
             Il 
            faut se souvenir de l’occupation jordanienne de 1948 à 
            1967 qui désécra les lieux saints juifs et bannit les 
            Juifs de la ville. La communauté internationale ne trouva aucune 
            raison de combattre ni même de condamner cette occupation, pourtant 
            contraire aux traités et aux lois internationales. Elle prît 
            fin avec l’agression de la Jordanie durant la guerre des 6 jours, 
            des suites de laquelle Israël se retrouva dans cette partie de 
            la ville. Si l’on prend aussi en compte la nature de la politique 
            de l’Autorité Palestinienne qui exclue toute possibilité 
            pour les Juifs ne serait-ce que de traverser le territoire sous sa 
            gouverne (2), il faut s’attendre qu’à l’est 
            de Jérusalem redivisée les Juifs soient de nouveau interdits. Ceux 
            qui condamnent aujourd’hui ce qu’ils appellent le « 
            mur de l’apartheid » ont-ils jamais compris que la barrière 
            de sécurité vise à limiter le principe d’exclusion 
            ethnique qui régit la politique palestinienne, comme celle 
            de tout le monde arabe où les non musulmans sont en voie de 
            disparition, à commencer les chrétiens dans la Bethléem 
            islamo-palestinienne? Mais 
            c’est plus qu’un territoire au demeurant infime qui est 
            en jeu, c’est un symbole capital pour la continuité juive 
            et la logique du judaïsme. En effet, ce sont le souvenir de Sion 
            et l’aspiration à y revenir qui furent les poutres maîtresses 
            de la continuité et de l’avenir des Juifs tout au long 
            d’un exil de 25 siècles. Jérusalem fut le point 
            fixe, le centre de la nébuleuse des diasporas. Ce n’est 
            pas un hasard que le sionisme se nomma en fonction de Sion et qu’il 
            finit par gagner l’assentiment de toutes les communautés 
            juives après la Shoah. Jérusalem est le cœur vibrant 
            de l’histoire d’Israël. Ne 
            pas être de retour à Jérusalem et attendre la 
            réalisation de l’idéal prophétique, ce 
            qui fut le cas durant 20 siècles, est très différent 
            d’être à Jérusalem et d’y renoncer 
            ou d’être contraint à y renoncer, ce qui pourrait 
            être le cas demain. Ce serait porter atteinte au symbole clef 
            de l’architecture du peuple juif et du judaïsme, sans compter 
            le principe même de l’existence et de la légitimité 
            morale et historique de l’État d’Israël : 
            le sionisme dépouillé de Sion. Le souffle prophétique 
            qui anime le peuple juif serait alors voué à se retourner 
            contre son âme jusqu’à l’étouffement 
            et l’on pourra s’attendre à sa décomposition 
            comme un château de cartes d’où l’on aura 
            retiré la pièce maîtresse. Une forme de suicide 
            symbolique. Que 
            ce soit le désir ardent du monde arabo-musulman dans sa majorité, 
            ce n’est pas dubitable. Est-ce le vœu du monde occidental, 
            en proie à la rémanence de son héritage chrétien 
            archaïque ? C’est cette question qu’il faut poser 
            à ceux qui disent avoir le souci du destin des Juifs. Ce 
            qui se trame dans les projets de la « communauté internationale 
            », c’est tout simplement le déclassement du peuple 
            juif, non plus défini comme un sujet souverain de l’histoire 
            mais comme une cause humanitaire à laquelle on concède 
            le privilège d’exister du fait de sa souffrance. Ce serait 
            la chute d’Israël, de la stature d’Etat souverain 
            à celui de camp de réfugiés humanitaire pour 
            rescapés de la Shoah, le déni du principe de souveraineté 
            de l’Etat d’Israël. On a remarqué comment 
            Barak Obama a significativement enchaîné son discours 
            obséquieux du Caire avec la visite de Buchenwald. Il ne pouvait 
            mieux exprimer ce qu’il pense de la légitimité 
            de l’Etat d’Israël : victimaire et non historique, 
            un Etat croupion sous tutelle internationale, un camp de personnes 
            déplacées. Prend-on la mesure de la monstruosité 
            intellectuelle et historique de ces discours qui définissent 
            la présence d’Israël à Jérusalem comme 
            une présence « coloniale » ? Si Jérusalem 
            est bien Jérusalem, c’est bien grâce à 30 
            siècles d’histoire juive ! Cette définition coloniale 
            entraîne, en fait, la stigmatisation coloniale de tout l’Etat 
            d’Israël dont Sion, la colline de Jérusalem, est 
            le symbole (3) et donc la contestation inéluctable de sa moralité. 
             Depuis 
            dix ans, nous assistons à la mise en place progressive d’un 
            décor qui met en scène l’extermination par étapes 
            de six millions d’Israéliens (application du programme 
            fondamental de l’OLP, le « plan par étapes », 
            décidé en 1974 (4)) par le biais de l’affaiblissement 
            de l’Etat d’Israël: accusé d’un « 
            péché originel » (sic) dans sa conception même, 
            assimilé à l’Afrique du sud de l’apartheid, 
            trainé dans la boue, objet de boycott, condamné s’il 
            réagit aux agressions et abandonné quand il est sous 
            le feu de ses ennemis (5). Aux dernières nouvelles le « 
            livre de l’été » des libraires français, 
            couvert de prix et objet de multiples célébrations, 
            vient porter le coup de pied de l’âne en « prouvant 
            » que le peuple juif fut une invention des sionistes. C’est 
            la pièce finale, nécessairement écrite par un 
            Israélien aussi complaisant qu’incompétent (6), 
            pour sonner « moralement » l’hallali ! Ce 
            qui est en jeu, c’est la liberté de l’homme juif. 
            Le pronostic vital du peuple juif est aujourd’hui engagé, 
            il faut le dire avec force et voir plus loin que son nez, comprendre 
            ce qui se trame.  Les 
            Juifs du monde entier doivent sortir de leur réserve et affirmer 
            avec force leur existence de sujets à part entière de 
            l’histoire, jeter aux ordures les oripeaux d’éternelles 
            victimes sacrificielles dont on veut les affubler et crier mais aussi 
            mettre en oeuvre leur refus d’assister passifs à ce cauchemar 
            en voie de réalisation. Ils ne doivent pas avoir de cesse de 
            faire la démonstration de leur solidarité indéfectible 
            avec Jérusalem et de leur réprobation face à 
            toutes ces menées. Au terme de dix années de harcèlement 
            moral, depuis la deuxième Intifada, le seuil de tolérance 
            de la conscience juive va bientôt être franchi ! Je 
            propose comme maxime pour la décennie à venir la parole 
            du prophète Isaïe (62,1) :  « 
            POUR SION JE NE ME TAIRAI PAS ! POUR JÉRUSALEM JE NE RESTERAI PAS SILENCIEUX !» (7)
 Shmuel 
            Trigano le 27 juillet 2009 *Texte 
            initialement prononcé sur Radio J le vendredi 24 juillet 2009. Notes 
            : 1 
            - Il n’est que de voir la stratégie d’Obama qui, 
            pour le soutenir dans son ukaze, a invité, en juillet 2009, 
            à la Maison Blanche des organisations juives triées 
            sur le volet en prenant soin d’éliminer toutes celles 
            qui risquaient de trop soutenir Israël. Inutile de rappeler qu’il 
            est déjà entouré de conseillers « d’origine 
            juive », appelés à faire la sale besogne dans 
            leur propre milieu. Ainsi se donne-t-il une estampille de bon aloi 
            de la part de Juifs de circonstance. Il avait adroitement préparé 
            le terrain en organiant un seder de Pessah à la Maison Blanche 
            puis en décrétant en mai-juin, le « mois du judaïsme 
            américain ». Tout flatteur vit aux dépens de celui 
            qui l’écoute... A quand la même opération 
            en France ? 2 
            - C’est uniquement sous le gouvernement d’Israël 
            que Jérusalem a été ouverte à toutes les 
            religions sans discrimination. Au point que l’Etat a confié 
            au wakf islamique, profondément antisémite, la maîtrise 
            du Mont du Temple. On se souvient que même sous la domination 
            israélienne, celui ci, sous la houlette de l’imam de 
            l’Autorité Palestinienne, a détruit de très 
            précieux restes archéologiques juifs du sous-sol du 
            Mont qu’il a jeté dans un dépôt d’ordures 
            où les archéologues israéliens sont allés 
            récupérer patiemment des vestiges inestimables. 3 
            - L’agence de l’OLP, WAFA, a récemment déclaré 
            (12/7/2009) que la réunion du gouvernement israélien 
            à Birsheva, une ville située à l’intérieur 
            des frontières d’Israël de 1949, affirmait la volonté 
            d’Israël de judaïser le Negev. On ne peut mieux dire 
            l’irrédentisme palestinien et son refus de la paix. Voir 
            notre démonstration par les textes in Controverses, n°7,2008, 
            « Le refus palestinien d’un Etat juif », http://www.controverses.fr/pdf/n7/trigano7.pdf 4 
            - Cf. http://www.objectif-info.com/index.php?id=299; 
            http://www.col.fr/article.php3?id_article=270; 
            http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=2742 5 
            - La tonalité morale dans laquelle se drapent les réprobations 
            d’Israël est définitivement frelâtée. 
            On aura noté que la récente « bavure » de 
            l’Amérique d’Obama au Pakistan faisant 100 morts 
            civils, n’a suscité aucune indignation internationale 
            ni médiatique. On aura remarqué que l’occultation 
            et la minorisation par l’ONU de dizaines de milliers de civils 
            tamouls tués par l’Etat du Sri Lanka est passée 
            inaperçue et que dire de la France et de son ministre des affaires 
            étrangères, si féru de « droits de l’homme 
            », de la France dont la responsablité dans le génocide 
            du Rwanda fut lourdement engagée (cf. Controverses,n° 6, 
            novembre 2007, Dossier « Génocide du Rwanda, la faute 
            de Mitterrand », http://www.controverses.fr/Sommaires/sommaire6.htm) 
            ! Nous devons commencer à faire le procès des turpitudes 
            des grands moralistes de notre temps, pour rétablir la mesure 
            des choses... 6 
            - Le professeur Shlomo Sand n’a aucune compétence académique 
            pour traiter des matières qu’il aborde. Cf. mon cours 
            sur l’histoire du peuple juif sur le site de Akadem, le campus 
            numérique.http://www.akadem.org/sommaire/themes/histoire/7/2/module_6051.php
 7 
            - « Jusqu’à ce que son droit soit reconnu et son 
            salut brille comme une torche incandescente! » continue le verset.   La 
            nouvelle politique du Vatican  
          Shmuel 
            Trigano 17 mai 2009 Un leurre 
            est un artifice qui attire l’attention de quelqu’un pour 
            lui cacher l’événement essentiel qui se déroule 
            au même moment sur une autre scène. C’est ce qui 
            s’est passé avec la visite du pape en Israël et 
            en l’occurrence, ce sont les observateurs qui se sont leurrés 
            eux-mêmes. A nouveau, c’est la mémoire de la Shoah 
            qui a servi d’écran. Tout le monde attendait le pape 
            sur ce qu’il ferait et dirait à ce propos, suite à 
            l’affaire de la levée d’excommunication d’un 
            évêque intégriste négationniste (l’affaire 
            Williamson), tandis que l’essentiel se produisait sur une autre 
            scène : celle des Palestiniens. 
          A travers 
            tous ses discours aux Palestiniens, si pleins de l’emphase et 
            de l’empathie qu’il n’a pas su trouver pour les 
            Juifs, Benoît XVI nous apparait comme l’un des papes qui 
            a le moins de sympathie pour le peuple juif. Ils laissent entendre 
            l’adoption d’un tournant drastique dans la politique du 
            Vatican envers les Juifs et démontrent que le pape a épousé 
            la position palestinienne, dans sa radicalité la plus grande. Aux 
            uns la victimologie, aux autres le politique  Le jeu 
            classique du « devoir de mémoire » a été 
            rejoué (1) : aux Juifs la reconnaissance du martyre de la Shoah, 
            aux Palestiniens la reconnaissance politique, voire même théologico-politique. 
            Une formule forte restera: la Terre sainte définie comme la 
            « terre des ancêtres » du peuple palestinien, abondamment 
            évoqué, lui. "Monsieur le Président, 
            le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à une 
            patrie palestinienne souveraine sur la terre de ses ancêtres, 
            sûre et en paix avec ses voisins, à l'intérieur 
            de frontières reconnues au niveau international." 
            Quand cette expression est proférée par l’évêque 
            de Rome, qui doit connaître tout de même son Nouveau Testament 
            et l’histoire des Juifs dans ces mêmes lieux, elle pèse 
            d’un poids considérable. Tout un univers psychologique 
            s’y profile : un État d’Israël défini 
            par la Shoah et donc refuge humanitaire pour rescapés européens 
            du nazisme face à un peuple réel, autochtone, héritier 
            de l’Ancien Israël, « ancêtres » obligent 
            ! Ce qui est en partie faux car une part importante de la population 
            palestinienne descend de vagues migratoires venant du monde arabe 
            de la fin du XIX° siècle au début du XX°... 
          Le 
            peuple élu de Palestine  Cette 
            interprétation est confirmée par une autre formule ahurissante, 
            qu’a justement relevée Menahem Macina dans la Newsletter 
            de l’U.P.J.F. (2), prononcée à l’occasion 
            du départ du pape des Territoires palestiniens : “Mon 
            souhait sincère pour vous, peuple de Palestine, est que cela 
            arrivera bientôt, pour vous permettre de jouir de la paix, de 
            la liberté et de la stabilité dont vous avez été 
            privés depuis si longtemps. Avec angoisse, j’ai été 
            le témoin de la situation des réfugiés qui, comme 
            la Sainte Famille, ont été obligés de fuir de 
            leurs maisons. » Or, la "Sainte Famille" fuit 
            Bethléem pour échapper au massacre des enfants que le 
            Roi d’Israël Hérode s’apprête à 
            perpétrer pour éliminer Jésus (Évangile 
            selon Matthieu 2, 13).  Cette 
            comparaison appelle inéluctablement dans l’oreille chrétienne 
            et sans doute dans la compréhension papale, une identification 
            des Palestiniens à la famille de Jésus, le “véritable 
            Israël” persécuté par l’Israël 
            déchu, “l’Israël selon la chair”, en 
            l’occurrence les Israéliens contemporains qui, de surcroît, 
            se voient implicitement accusés de fomenter le massacre des 
            enfants! On sait que l’accusation de crime rituel est le mythe 
            central du Nouvel antisémitisme, adroitement exploité 
            par l’Autorité Palestinienne et le Hamas. L’Église 
            vient de la consacrer de façon subliminale.  Benoît 
            XVI n’a pas manqué de bénédictions enthousiastes 
            du peuple palestinien. Dans son discours de départ des territoires 
            palestiniens : « Puisse-t-Il bénir par la paix le 
            peuple palestinien ! ». Au camp de réfugiés 
            d’Aïda : « Puisse Dieu bénir son peuple 
            avec la paix ! ». Dans son homélie à la place 
            de la Mangeoire : « Vous-mêmes, peuple choisi de Dieu 
            à Bethléem ». Dans son discours devant Mahmoud 
            Abbas : « J’invoque sur tout le peuple palestinien 
            les bénédictions et la protection de votre Père 
            céleste » (3). Je ne vois pas beaucoup de bénédictions 
            de ce type sur le peuple d’Israël envers lequel l’Église 
            a tout de même, à ce qu’elle prétend, d’autres 
            liens! 
La 
            justification de la guerre ?  Comment 
            quasiment tous les observateurs ont-ils pu voir dans les discours 
            du pape des paroles de paix ? J’y entends tout au contraire 
            des encouragements à la violence. Le 
            droit au retour  Faire 
            l’apologie du droit au retour des réfugiés, que 
            réclame l’Autorité Palestinienne, est-ce autre 
            chose que vouer à la disparition en douceur l’État 
            d’Israël, et bien sûr l’État juif? Le 
            pape a exprimé sa “solidarité à l’ensemble 
            des Palestiniens qui n’ont pas de maison et attendent de pouvoir 
            retourner sur leur terre natale, ou d’habiter de façon 
            durable dans une patrie qui soit à eux”. C’est 
            la meilleure façon de ruiner la paix et de confirmer les Palestiniens 
            dans leur projet d’éradication de l’État 
            juif, qu’ils disent très officiellement aujourd’hui 
            ne jamais vouloir reconnaître. Tous les Israéliens, de 
            la gauche à la droite, sont opposés à cette revendication 
            qui noierait les Israéliens sous le flot des Palestiniens. 
            Dans cette remarque du pape; il y a une autre façon de méconnaître 
            la réalité du peuple juif, celui qui est originaire 
            des pays arabo-islamiques et dont provient la majeure partie de la 
            population d’Israël. L’existence juive a été 
            quasi totalement éradiquée en terres d’islam depuis 
            les années 70 du XX° siècle. 900 000 Juifs se sont 
            vus expulsés par la violence ou exclus et poussés au 
            départ. Ils ont alors trouvé, pour 600 000 d’entre 
            eux, en Israël une terre où s’installer. La scène 
            que l’autorité palestinienne a mise en place pour l’accueil 
            du pape ou un ballet de jeunes enfants a agité des clefs noires 
            symbolisant les maisons abandonnées écrit une version 
            unidimensionnelle de l’histoire car autant de Juifs que les 
            Palestiniens ont été aussi chassés et spoliés 
            de leur maisons dont ils possèdent, eux aussi, les clefs. Il 
            y a eu un échange de populations et Israël est quitte 
            ! 
          Détruire 
            le mur  Comment, 
            trouver des “paroles de paix” dans la condamnation du 
            “mur” à l’occasion de la savante mise en 
            scène de la réception du pape devant la “barrière 
            de sécurité” qui n’est pas un mur sur sa 
            plus grande longueur ? Reçu dans la cour d'une école, 
            à 10 mètres de là, le pape a déploré 
            qu'" au-dessus de nous, qui sommes rassemblés ici 
            cet après-midi, s'érige le mur, rappel incontournable 
            de l'impasse où les relations entre Israéliens et Palestiniens 
            semblent avoir abouti. Dans un monde où les frontières 
            sont de plus en plus ouvertes, pour le commerce, les voyages, le déplacement 
            des personnes, les échanges culturels, il est tragique de voir 
            des murs continuer à être construits ". C’est 
            très démagogique de tenir un tel langage face à 
            un monde arabe où les non musulmans sont en voie de disparition 
            du fait de l’intolérance, face à une Palestine 
            dont tous les documents officiels déclarent qu’il ne 
            doit y avoir aucun Juif qui y réside. Au moment de prendre 
            congé du président de l'Autorité palestinienne, 
            Mahmoud Abbas, le pape devient combattif : " J'ai vu le mur 
            qui fait intrusion dans vos territoires, séparant des voisins 
            et divisant des familles. Bien que les murs puissent être facilement 
            construits, nous savons qu'ils ne subsistent pas toujours. Ils peuvent 
            être abattus. " Le pape a-t-il oublié qu’avant 
            cette barrière le terrorisme palestinien faisait des ravages 
            dans les villes israéliennes ? Prônerait-il aux Juifs 
            le martyre passif sous la main des terroristes ? Comment peut-il évoquer 
            la globalisation et la fin des frontières dans un milieu où 
            l’État d’Israël est sans cesse sous la menace 
            de la destruction totale? En évoquant la possibilité 
            d’abattre « les murs », ne justifie-t-il pas la 
            violence ? Comment peut-il définir le fait de ne pas commettre 
            d’actes terroristes comme un courage, si ce n’est pour 
            assumer implicitement sa compréhension pour une telle « 
            tentation » ? « Ayez le courage de résister 
            à toutes les tentations que vous pourriez ressentir de vous 
            livrer à des actes de violence ou de terrorisme. Au contraire, 
            permettez que ce vous avez vécu renouvelle votre détermination 
            à construire la paix ? » Qu’est-ce qui a été 
            vécu ? La politique des attentats de l’Autorité 
            Palestinienne au lendemain d’Oslo ? 
          Le 
            “blocus” de Gaza  Quant 
            à la condamnation du blocus de Gaza, la même mémoire 
            sélective y est à l’oeuvre. “Soyez assurés 
            de ma solidarité dans l’immense tache de reconstruction 
            à laquelle vous devez faire face et de mes prières pour 
            que l’embargo soit bientôt levé”. Pas 
            un mot sur le Hamas (solidaire avec lui?), ni sur ses responsabilités 
            (8000 missiles lancés durant des années sur Israël), 
            ni sur le fait que Gaza a deux frontières, avec l’Égypte 
            notamment, à qui il ne tient que d’ouvrir la sienne... 
             
          Le 
            droit à une patrie souveraine sur la terre des ancêtres  On ne 
            peut pas mieux méconnaître la généalogie 
            du conflit qu’en soutenant la version de l’histoire qui 
            nourrit la déclaration faite devant Mahmoud Abbas: “Le 
            Saint Siège soutient le droit de votre peuple à une 
            patrie palestinienne souveraine sur la terre de ses ancêtres 
            sûre et en paix avec ses voisins, à l’intérieur 
            de frontières reconnues au niveau international”. 
            Or, ce sont les Palestiniens qui ont refusé depuis le début 
            du XX° siècle toute solution de compromis et de partage, 
            toute souveraineté dans le cadre d’une solution à 
            deux États, le dernier refus en date étant celui d’Arafat 
            devant la proposition de Barak. Qui n’a pas de frontières 
            reconnues si ce n’est Israël dont les frontières 
            ont été toujours des frontières d’armistice 
            consécutives aux guerres déclenchées par les 
            États arabes? Aujourd’hui même l’Autorité 
            Palestinienne, pour ne pas mentionner le Hamas, récuse le principe 
            d’un État juif. Elle a en effet l’ambition 
            ultime de submerger l’État juif en demandant le retour 
            des “réfugiés”. Comment parler d’État 
            souverain sur la terre des ancêtres? Le pape ignore-t-il que 
            pour l’Autorité palestinienne comme pour le Hamas, la 
            Palestine comprend également le territoire israélien? 
            Par ailleurs sur le territoire mandataire de la Palestine, un État 
            arabe a déjà été créé, peuplé 
            en grande majorité par des Palestiniens : la Jordanie. 
Les 
            réfugiés  Que 
            signifiait aussi d’aller visiter un “camp” de réfugiés, 
            sinon accréditer le récit arabe? Les “réfugiés” 
            palestiniens sont les seuls réfugiés, parmi des dizaines 
            millions de réfugiés d’après la deuxième 
            guerre mondiale (Grèce-Turquie, Pakistan-Inde, et Afrique, 
            Europe, Asie), qui sont restés des “réfugiés” 
            et pour lesquels une institution spéciale de l’ONU a 
            même été créée, l’UNRWA, distincte 
            du Haut commissariat aux réfugiés. Ils sont les seuls 
            “réfugiés” au monde que les pays hôtes, 
            pourtant “frères”, n’ont jamais voulu intégrer, 
            les seuls réfugiés dont la condition s’hérite 
            de père en fils. Comment accréditer la version de leur 
            malheur alors que des sommes fabuleuses sont déversées 
            par les nations du monde et notamment l’Europe sur la Palestine 
            pour aider à l’amélioration de leur sort, des 
            sommes qui finissent dans les poches de la bureaucratie mafieuse de 
            l’OLP?La démission politique
 Le plus étonnant dans ce florilège de discours est le 
            silence respectueux gardé par le pape sur la situation des 
            chrétiens en territoires palestiniens et plus largement dans 
            le monde musulman. L’appel qu’il leur a lancé à 
            ne pas émigrer et l’exhortation à “être 
            des bâtisseurs de ponts” n’est ni crédible 
            ni réaliste. S’il a pu penser qu’en faisant un 
            discours pro-palestinien il s’attirerait les bonnes grâces 
            du monde arabe au profit des Arabes chrétiens, il s’est 
            lourdement trompé car les soutiens des chrétiens sont 
            clairement du côté d’Israël... La comparaison 
            des flux de population parle d’elle même. En 1990, les 
            chrétiens représentaient 60% de la population de Bethlehem, 
            aujourd’hui, ils ne sont plus que 20% et ce chiffre ne cesse 
            de baisser du fait de l’oppression dont ils sont victimes dans 
            les territoires de l’Autorité palestinienne pour ne pas 
            parler de Gaza. Les chrétiens dans les territoires palestiniens 
            sont sur le point de disparaître, de 15% de la population en 
            1950 à moins de 1% actuellement. A l’inverse, en Israël, 
            leur nombre augmente, passant de 34.000 en 1948 à plus de 140.000 
            actuellement. Que penser de ce silence sinon qu’il était 
            une solution de facilité et de basse politique pour se refaire 
            une réputation en monde musulman aux dépens d’Israël, 
            après sa sortie de Ratisbonne. Spiritualité ? Message 
            de paix ?
 Les 
            leçons de la visite  La 
            vraie finalité du “devoir de mémoire”  Nous 
            avons dans cet épisode un condensé d’enseignements 
            significatifs. Il confirme le modèle que j’ai construit 
            pour comprendre le fonctionnement idéologique du “devoir 
            de mémoire”. La Shoah est devenue le contrepoids à 
            la reconnaissance de la condition juive dans le politique et l’histoire, 
            c’est à dire la reconnaissance des Juifs comme peuple, 
            ce qui est en jeu avec Israël et le sionisme. La reconnaissance 
            des victimes de la Shoah dans les Juifs (un peuple mort) justifie 
            la condamnation ou la relégation ou la méconnaissance 
            des Juifs comme sujet souverain de l’histoire (peuple vivant). 
             Sur 
          ce plan là du politique, les bénéficiaires de la 
          mémoire de la Shoah sont les Palestiniens, reconnus, eux dans 
          les attributs d’un véritable peuple avec tous les droits 
          qui s’ensuivent et les devoirs pour Israël, rétrogradé 
          au rang de refuge humanitaire pour Juifs persécutés, le 
          contraire d’une vraie nation. Cette condition assigne les Juifs 
          à un rôle sacrificiel, victimaire. Ils devraient ainsi, 
          si l’on en croit le pape, supporter avec abnégation les 
          actes terroristes sans réagir.  
          La deuxième 
            conséquence de ce syndrome malsain constitue le peuple palestinien 
            en peuple messianique, en fait le véritable Israël, un 
            vecteur planétaire de l’histoire humaine. On assiste 
            alors à l’enchantement quasi religieux du nationalisme 
            palestinien, un des plus rétrogrades de notre temps, tandis 
            que le sionisme est affublé de tous les ismes de la répulsion. La 
            méthode palestinienne  Il faut 
            aussi dans cet épisode constater l’habilité palestinienne 
            à mettre en scène la passion christique de leur peuple. 
            Le décor de la réception du pape est théâtralement 
            choisi: devant la barrière de sécurité, avec 
            le lâcher de ballons noirs, un pour chaque année de l’existence 
            d’Israël, le ballet de jeunes enfants (évidemment 
            les “enfants”!) avec des clefs noirs et pour finir le 
            “message de paix” de Mahmoud Abbas lancé aux Israéliens 
            devant les caméras mondiales, comme pour faire contraste avec 
            la noirceur israélienne. Il aurait fallu que le pape se déplace 
            quelques mètres plus loin et consulte les manuels scolaires 
            de l’Autorité Palestinienne, allume la télévision 
            palestinienne, lise la presse palestinienne pour savoir quel message 
            d’hostilité contre les Juifs (c’est ainsi que sont 
            appelés les Israéliens dans le langage courant) est 
            constamment diffusé dans cette société. L’esclandre 
            fait par le cheikh Tamimi, chef des tribunaux islamiques de l’Autorité 
            palestinienne - ce qui n’est pas rien - lors du “dialogue 
            interreligieux” organisé par le pape, est très 
            significatif de l’état de l’opinion palestinienne. 
            Ce partage entre un leader qui joue le rôle de la modération 
            et l’autre qui incarne la guerre est un trait politique commun 
            à tout le monde islamique (Khamenei-Ahmadinejad en Iran). Le 
            partage Hamas-Autorité Palestinienne s’inscrit dans un 
            même jeu politique. L’un parle à l’Occident, 
            l’autre à l’opinion arabo-islamique. 
          Le 
            discours médiatique  Le scénario 
            retenu par le récit médiatique était déjà 
            prédéterminé par le rééquilibrage 
            qu’avait permis l’affaire Williamson. Les médias 
            avaient alors durement stigmatisé le pape, alors qu’eux 
            mêmes sortaient d’une violente diatribe de plusieurs semaines 
            contre Israël du fait de la guerre de Gaza. La condamnation du 
            pape équilibrait sur le plan moral (devoir de mémoire 
            oblige!) cette critique ressentie au fond comme abusive. En condamnant 
            le pape, les médias démontraient qu’ils condamnaient 
            le négationnisme et l’antisémitisme. C’est 
            donc sur ce plan-là que le pape était attendu en Israël. 
            Toutes les caméras et les micros furent braqués sur 
            Yad Vashem et le rapport du “pape allemand” à la 
            Shoah. Le tournant radical pris par le Vatican à Bethlehem 
            fut à peine remarqué. Sans doute aussi parce que ce 
            qui y fut dit correspond à l’opinion commune de la sphère 
            médiatique, si commune qu’on ne la remarque plus. Et 
            l’on ne peut ignorer que peut-être aussi le pape a voulu 
            se “racheter” auprès des médias (en même 
            temps que de l’opinion musulmane) en adoptant le narratif médiatique 
            sacro-saint de la cause palestinienne. 
          L’hémiplégie 
            du leadership juif  De quoi 
            se plaint-on devant un tel paysage ? Le leadership juif y a sa part. 
            Voici une quinzaine d’années, il a fait un choix stratégique 
            catastrophique qui mène aujourd’hui les Juifs au bord 
            de l’abîme, en donnant à accroire aux nations du 
            monde que l’intérêt suprême des Juifs était 
            la reconnaissance de la mémoire de la Shoah. Depuis tant d’années, 
            des politiques entières, des budgets considérables, 
            des littératures immenses ont été consacrés 
            à cette cause aux dépens des intérêts vitaux 
            des Juifs, avant tout l’État d’Israël comme 
            entité souveraine, historique et politique, la survie des communautés 
            juives non pas comme des conservatoires de la mémoire mais 
            des collectivités vivantes, créatives, défendant 
            leurs intérêts, défendant et illustrant la culture 
            du judaïsme. Tous ces postes ont été abandonnés. 
            Et l’on peut aller jusqu’à dire que la désaffection 
            des Juifs, et notamment des jeunes, pour la vie juive en est la conséquence 
            la plus dramatique. Quelle espérance, quelle jouissance d’être 
            ce judaïsme-là a-t-il à proposer aux jeunes générations 
            ? Quelle grande œuvre ?La visite du pape nous donne à le voir à nouveau dans 
            un mouchoir de poche. Je ne comprends pas la satisfaction que des 
            représentants du judaïsme affichent officiellement (4). 
            Ils ne parlent que de la visite à Yad Vashem et pas à 
            Bethlehem. Ils ne témoignent de souci que pour la mémoire. 
            Leur oreille est-elle sourde au discours palestinien du pape, ou finalement 
            sont-ils d’accord avec ce partage entre le martyre pour les 
            uns et la souveraineté pour les autres ? Je sais que c’est 
            le gage idéologique qu’il leur faut aujourd’hui 
            donner pour accéder à la tribune médiatique sous 
            peine d’être taxé de tous les ismes possibles. 
            Mais il faut avoir un peu plus confiance en la parole prophétique 
            d’Israël ! S’ils ne font pas entendre que le dialogue 
            judéo-chrétien ne peut se faire sur la base de la méconnaissance 
            de la condition de peuple des Juifs - la cible du nouvel antisémitisme 
            et donc la chose la plus chère - on ne voit pas pourquoi l’Église 
            le prendrait en compte. La même chose vaut pour le dialogue 
            judéo-musulman avec le contentieux historique du judaïsme 
            sépharade. Le leadership juif a-t-il déjà renoncé 
            à Israël pour conserver son influence ? Il court le risque 
            de ne plus représenter que lui même.
 Notes :
 1 - Cf. mes blogs précédents (« Un scandale qui 
          tombe à pic ») et plus généralement Les 
          frontières d’Auschwitz, les dérapages du devoir 
          de mémoire, Livre de Poche Hachette, 2005.
 2 - http://www.upjf.org/actualites/article-16387-143-7-necsletter-upjforg-9-au-15-mai-2009-couverture-abondante-
 visite-pape-en-terre-sainte.html.
 3 - Selon les remarques judicieuses rapportées par Nicolas Baguelin 
          sur son blog (cité par Menahem Macina):http://pape-en-israel.blogs.la-croix.com/nicolas-baguelin/entre-politique-et-religieux/
 4 - Le Figaro, vendredi 15 mai 2009.
 
 
        Les 
          deux fautes de la fondation de la mémoire de la Shoah  
        Shmuel 
          Trigano  
          23 avril 2009  
          En lançant 
            l’opération « Aladin » à l’UNESCO, 
            en partenariat avec l’Organisation de la Conférence Islamique 
            (OCI), la Fondation de la Mémoire de la Shoah (FMS) a commis 
            deux graves fautes, une faute politique et une faute morale. Ce n’est 
            pas le projet de mettre le récit de l’histoire de la 
            Shoah à la portée du monde musulman, et dans ses langues 
            parlées, au moyen d’un site et sans doute à l’avenir 
            de publications et d’événements, qui est en question. 
            Ce sont les alliances problématiques qui le rendent possible 
            et l’étrange troc politico-symbolique qui nourrit leur 
            contenu. L’incompétence politique le dispute à 
            l’indignité.  LA 
            FAUTE POLITIQUE   
          Connaissez-vous 
            l’Organisation de la Conférence Islamique ? Son président 
            était présent à l’UNESCO. C’est une 
            Organisation internationale qui milite pour « défendre 
            les intérêts et assurer le progrès et le bien 
            être ... de tous les musulmans à travers le monde 
            ». Fondée en 1969 à Rabat, après la tentative 
            d’attentat contre la Mosquée El Aksa à Jérusalem 
            par un fondamentaliste australien, son siège provisoire est 
            à Djeddah, en Arabie Saoudite, dans l’attente de « 
            la libération de Jérusalem ».  Sa 
          charte (1972) lui assigne comme objectif « la défense 
          des lieux saints de l’islam et la libération de la Palestine 
          ». Sa création est une des conséquences de la conférence 
          de Khartoum de septembre 1967 connue par sa devise des « trois 
          non» : pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance 
          d’Israël, pas de négociations avec Israël...  
          C’est 
            cette conférence qui décida de l’utilisation de 
            l’arme du pétrole, prépara la guerre du Kippour 
            (1973) et fit de la défense des droits du « peuple palestinien 
            » (une des premières occurrences de ce terme) le but 
            de sa politique. En mars 1989, l’OCI fut à la tête 
            de la croisade contre le livre de Rushdie Les versets sataniques, 
            et c’est elle qui agite « la rue arabe » chaque 
            fois que l’Occident commet une « faute » envers 
            l’islam.  En 1990, 
            l’OCI adopte la « Déclaration des droits de l’homme 
            en Islam » qui fait dépendre les droits de l’homme 
            de leur conformité avec les principes de la Charia, une loi 
            qui ne reconnaît pas l’égalité des non-musulmans 
            et des femmes.  
          Connaissez-vous 
            l’Alliance des Civilisations ? Cette Organisation, 
            qui dispose de budgets considérables venant des monarchies 
            pétrolières du Golfe, est la poutre maîtresse 
            d’un projet politique d’envergure mondiale : l’Alliance 
            des civilisations (1) Née d’un projet du président 
            iranien Mohamed Khatami (le Dialogue des Civilisations) pour s’opposer 
            à ce qu’il croit être le projet de l’Occident, 
            le « clash des civilisations », la création de 
            l’Alliance fut théorisée en septembre 1998 à 
            Durban lors de la conférence du mouvement des non alignés. 
            Cette même conférence lançant le projet de faire 
            de 2001, l'année du dialogue des civilisations, ce qui fut 
            entériné par une résolution de l'AG en novembre 
            1998. Elle s’institua par la suite à l’ONU sous 
            la forme d’une instance à part entière.  Dirigée 
            par un Haut représentant, Jorge Sampaio, ancien président 
            portugais, elle est soutenue par la Turquie, le Maroc et l’Espagne, 
            convertie à ce projet au lendemain des attentats d’Al 
            Qaida à Madrid. De nombreuses 
            fondations, notamment européennes, des multinationales et la 
            Commission Européenne en premier, le projet euro-méditerranéen, 
            apportent leur soutien et leurs fonds à une entreprise qui 
            ambitionne de développer le dialogue entre les civilisations 
            mais dont les retombées (et les objectifs inavoués) 
            visent surtout à briser le cadre universel des relations 
            internationales qui se fondent sur le primat des droits des individus 
            et des règles universelles pour les refonder sur des rapports 
            de « bloc », de « civilisations » - de religions, 
            en fait - qui préserveraient ainsi leurs normes spécifiques 
            contre des normes universelles. C’est exactement ce qui motive 
            une déclaration islamique des droits de l’homme... 
            Il est clair que l’un des buts politiques les plus importants 
            de l’Alliance est de sanctuariser l’islam dans le monde 
            entier, d’interdire toute critique à son égard 
            et de l’installer sur toutes les scènes de la culture 
            occidentale comme une donnée centrale. Lors du récent 
            Durban II, à Genève, l’OCI s’est faite l’avocate 
            de l’interdiction mondiale du blasphème et elle l’a 
            obtenu sous la catégorie de « haine religieuse », 
            ce qui est pire.  
          Dans 
            ce projet, les partenaires concernés sont embrigadés 
            sous le jour lénifiant du « dialogue ». Les Juifs 
            sont particulièrement sollicités tout en étant 
            réduits au rôle de figurants. Il faut, en effet, impérativement 
            donner le spectacle de l’entente et s’assurer de leur 
            participation pour accréditer cette entreprise qui se met sous 
            l’égide du mythe de l’« Age d’or andalou 
            » (2). Comment croire à la pureté de ces intentions 
            alors que tous les pays islamiques sont actuellement soulevés 
            par une vague d’antisémitisme virulent dont l’OCI 
            est l’un des plus importants facteurs? Nous sommes entrés 
            dans une ère où la culture et la religion sont instrumentalisées 
            à des fins exclusivement politiques : prestige, puissance, 
            gloire. La diplomatie des « civilisations », qui n’est 
            plus celle des États, annonce une ère de guerres identitaires 
            et culturelles. Elle 
            met, dans son fondement même, l’Occident au banc des accusés 
            en le contrastant avec l’islam, « religion de paix ». 
            C’est ce qu’on lit dans « L’Appel à 
            la conscience » signée à l’occasion de l’inauguration 
            :« L’Islam reconnaît le judaïsme et le christianisme 
            comme des religions révélées. Les Musulmans considèrent 
            les Juifs et les Chrétiens comme des frères appartenant 
            au «Peuple du Livre» qui partagent tous le monothéisme 
            d'Abraham ... Juifs et Musulmans, au Moyen-Orient et en Afrique du 
            Nord, ont vécu ensemble pendant des siècles et, s'il 
            est vrai que les Juifs furent souvent victimes de discriminations 
            dans le monde musulman, ils furent rarement persécutés. 
            A la différence de leur sort en terre chrétienne, 
            les Juifs n'ont pas été contraints d'abjurer leur foi. 
            Les premiers stéréotypes antijuifs 
            sont apparus, dans le monde musulman, au XIXe siècle, lors 
            de la conquête (sic) du monde musulman par les puissances coloniales 
            européennes. Il importe de le rappeler. »
  
          La déroute de la FMS
 En s’inscrivant 
            dans cette mouvance, la FMS, est tombée dans un piège 
            majeur dans l’arène des symboles et de l’idéologie. 
            Elle n’a pas hésité à mettre de côté 
            le contentieux entre le monde arabo-musulman et le monde juif pour 
            assurer l’image de la Shoa dans l’opinion arabo-musulmane, 
            alors que le négationnisme qui s’y développe a 
            pour finalité unique de délégitimer l’État 
            d’Israël. La FMS a fait en somme de cette mémoire 
            une « transcendance » complètement séparée 
            du destin des Juifs.  
          C’est 
            bien ce qu’on lit aussi dans « L’Appel à 
            la conscience »:« La compréhension par les Musulmans de l'Histoire 
            des Juifs, comme la compréhension de l'histoire des Musulmans 
            par les Juifs (remarquons le balancement qui partage les responsabilités) 
            est pervertie par des mythes et de la malveillance, qui les rend 
            insensibles à la souffrance de l'autre, passée et présente. 
            Mais, parmi les nombreux sujets qui nous divisent, il y en a un qui 
            doit être exclu du champ politique, idéologique 
            et religieux. Il s'agit de la Shoah, le génocide nazi au 
            cours duquel six millions de Juifs d'Europe ont été 
            massacrés.»
 On ne 
            peut mieux entériner la « religion de la Shoah », 
            vivante dénégation du statut historico-politique des 
            Juifs qui fonde leur existence comme État ou communautés 
            diasporiques, ce qui est aujourd’hui au cœur du nouvel 
            antisémitisme et de la survie de l’État d’Israël. 
            On ne peut mieux saper à la base l’identification et 
            la compréhension du nouvel antisémitisme contre lequel 
            la FMS est censée lutter, parmi ses attributions...  Le 
          discours de Jacques Chirac lors de l’inauguration était 
          très significatif de cette déroute. L’ancien président, 
          comme d’ailleurs d’autres orateurs qui lui ont succédé, 
          ont inscrit le conflit proche-oriental et leur soutien à la Palestine, 
          dans leur adhésion : « J’ai dit aux Israéliens 
          que la colonisation était une faute. On ne construit pas la paix 
          avec son voisin en expropriant ses terres, en arrachant ses arbres, 
          en bouclant ses routes… ». L’ancien président 
          a également reproché à certains de « vouloir 
          faire porter aux pays musulmans une culpabilité qui n’est 
          en aucun cas la leur ».  
          L’histoire 
            retiendra qu’il a mis en branle il y a quelques années 
            la machine inquiétante du « devoir de mémoire 
            » que j’ai eu l’occasion d’analyser dans mon 
            livre Les frontières d’Auschwitz, les ravages du 
            devoir de mémoire (3), et qui consiste à dissocier 
            dans la Shoah le martyrologe des Juifs du peuple juif. Le premier 
            est dûment célébré comme « universel 
            », « humain », quasi spirituel (exactement ce que 
            pensait l’écrivain François Mauriac) mais il est 
            compris comme l’envers de la condition historico-politique de 
            l’existence des juifs comme peuple vivant, sauf si les Juifs 
            consentent à devenir les grands prêtres de cette mémoire 
            : une belle façon de contourner et de sublimer la culpabilité 
            de l’Europe. Dans cette mémoire étatisée 
            à travers des Mémoriaux, des Fondations, des Chaires 
            académiques, l’existence du peuple juif avec ses dimensions 
            communautaires et politiques fait problème. Elle dérange 
            le côté lisse de l’objet vénéré. 
            Ce qu’a bien illustré le même Jacques Chirac, auteur 
            de la « repentance », dans sa politique envers Israël. 
            La révérence faite à la « mémoire 
            » victimaire a couramment autorisé moralement et fondé 
            politiquement l’accablement d’Israël, accusé 
            de la trahir si bien que les bénéficiaires (moraux et... 
            financiers) planétaires de cette mémoire sont les Palestiniens. 
            Nous touchons ici à l’idéologie institutionnelle 
            de la Fondation de la mémoire. La FMS, qui, à n’en 
            pas douter s’est lancée dans le processus « Aladin 
            » en s’inscrivant dans la mouvance chiraquienne, vient 
            d’apporter une nouvelle confirmation officielle à ce 
            système idéologique, qui éclaire sa vocation 
            idéologique implicite dans le paysage européen et mondial. Que 
            recherche la FMS avec « Aladin »?  
          C’est 
            une question que l’on peut se poser. Il y a une naïveté 
            sociologique à croire que le négationnisme arabo-musulman 
            procède de l’ignorance des faits historiques. Il est 
            au contraire de l’ordre de la croyance et de l’idéologie. 
            Ce qui s’y trame, c’est moins l’histoire de la Shoah 
            que le déni de l’existence d’un peuple juif qui 
            aurait légitimité à la souveraineté. Si 
            la Shoah en est devenu le vecteur, c’est parce que le peuple 
            dans les Juifs en fut la cible, détruits en masse, toutes 
            nationalités confondues. La Shoah pose la question du destin 
            collectif des Juifs dans la politique moderne. C’est bien 
            ce qui est en question avec l’État d’Israël. 
            Dans le débat idéologique contemporain, y compris en 
            Occident (4), la Shoah joue ainsi le rôle d’un substitut 
            symbolique de la notion de peuple juif. Toutes les accusations 
            d’excès de mémoire, de lobby juif, d’exploitation 
            de la mémoire par l’État d’Israël ou 
            les communautés juives, découlent de cette substitution 
            symbolique. Tout lien de la Shoah au peuple juif est ainsi portraituré 
            comme un dévoiement de la « Mémoire ». C’est 
            une façon de dénier le droit d’exister au peuple 
            juif au nom de la Shoah. C’est ce sanctuaire de la Shoah que 
            la FMS veut défendre : aux dépens des intérêts 
            et des valeurs des Juifs vivants.
 En monde musulman, c’est pour mieux dénier le peuple 
            juif que la Shoah est niée sous la forme du syllogisme suivant:
 1) Le peuple juif n’existe pas
 2) S’il existe (l’État d’Israël), c’est 
            un mensonge (la Shoah)
 3) L’État d’Israël ne peut exister que sur 
            la base de ce mensonge et de la culpabilité de l’Occident 
            qui a cédé à ce chantage.
 Obtenir 
            d’une institution juive qu’elle accepte la dissociation 
            de la Shoah de la question cruciale pour la survie des Juifs que constitue 
            aujourd’hui l’existence de l’État d’Israël 
            est un atout considérable dans la lutte contre Israël. 
            Elle rejoint toutes les déclarations arabes sur l’inexistence 
            d’un peuple juif (5). Elle les absout des menaces proférées 
            sur l’existence d’Israël. A ce compte, l’O.C.I. 
            peut bien « reconnaître » la « mémoire 
            de la Shoah »... Le bénéfice politico-symbolique 
            est immense dans l’optique de ses objectifs. D’autant 
            plus qu’elle entraîne un bénéfice secondaire 
            : la condamnation de l’Europe (« colonialiste ») 
            coupable, ce qui ne fait que rehausser l’excellence du monde 
            islamique. Les stigmatisations de l’Europe coupable d’antisémitisme 
            abondent de fait sur le site d’Aladin (cf. infra : l’étude 
            de textes)  
          Quelle 
            reconnaissance recherche la FMS ? Quel 
            type de reconnaissance de la Shoah, la FMS espère-t-elle ? 
            En s’alliant à l’OCI et en plaçant donc 
            son entreprise sous l’égide de « l’Alliance 
            des civilisations », elle a choisi de ranger implicitement la 
            Shoah dans le cadre du « patrimoine immatériel » 
            de l’humanité où l’OCI a déjà 
            placé la religion musulmane (« Convention pour la sauvegarde 
            du patrimoine immatériel » adoptée par l’UNESCO 
            en 2003 dans la lignée des Déclarations et Conventions 
            sur la diversité culturelle (6). On retrouve toujours à 
            ce propos la marque de Jacques Chirac qui a prétendu faire 
            passer cette convention au nom de la défense de la francophonie 
            contre la culture américaine mais qui n’a été 
            adoptée que grâce au soutien des membres de l'OCI. La 
            Shoah devient ainsi un élément de la Convention sur 
            la diversité culturelle, ce qui revient à dire que la 
            FMS a enfermé l’identité et toute la culture juives 
            dans la mémoire de la Shoa, ce qui a de graves conséquences 
            sur le plan de la compréhension de l’identité 
            juive. En somme, la FMS a échangé la sacralisation de 
            la Shoah contre la sanctuarisation de l’islam.  Il 
          faut faire un peu d’histoire pour replacer cette démarche 
          dans le paysage global et mieux comprendre ses tenants et aboutissants. 
          La meilleure spécialiste en la matière, Malka Marcovich, 
          nous renseigne à ce propos (7). « Lors de Durban I, 
          l’inclusion de la mémoire de l’Holocauste a fait 
          l’objet d’un troc entre l’Union Européenne 
          et l’OCI, soit la mention de l’Holocauste en échange 
          de la désignation particulière des Palestiniens comme 
          victimes du racisme israélien... » « La mémoire 
          de l’holocauste » (8) fut aussi reconnue pour mieux mettre 
          en avant le caractère occidental d’un crime perpétré 
          contre les Juifs. C’est ce que confirment alors « les déclarations 
          finales (où sont émises des réserves au moment 
          de l’adoption du texte), il apparait que l’inclusion de 
          l’Holocauste sert à la condamnation des Européens 
          plus qu’à la « reconnaissance » des Juifs. 
          « La République islamique d’Iran a souligné 
          que la mémoire de l’« holocauste » visait ici 
          « l’holocauste des juifs » par les « Européens 
          ». La Syrie est allée dans le même sens et a déclaré 
          que c’était une « erreur » de la part « 
          des Européens de vouloir faire partager leur culpabilité 
          au monde » en donnant à l’Holocauste un caractère 
          général. Le Qatar au nom de l’OCI a également 
          souligné que les « pays extérieurs à l’Europe 
          » ne pouvaient être « tenus responsables ». 
          De même, les Émirats arabes unis (au nom également 
          de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, du Koweït, d’Oman 
          et du Qatar) ont souligné le caractère européen 
          de cette mémoire, et ont tenu à indiquer que « ce 
          concept ne s’applique pas exclusivement à un peuple ou 
          à un groupe particulier, comme l’illustrent clairement 
          les pratiques racistes observées quotidiennement dans les territoires 
          arabes occupés. »  
          L’inclusion 
            de l’antisémitisme à Durban I soulevait le même 
            type de problèmes. Il fut lié dans le même paragraphe 
            à « l’islamophobie », réduisant la 
            définition des attaques à l’encontre des Juifs, 
            comme relevant uniquement de comportements contre la religion juive 
            (puisque dans l’islamophobie il est question d’islam, 
            de religion). Ainsi, est mis en œuvre le déni de la dimension 
            politico-historique de la Shoah et sa transformation en réalité 
            religieuse, ce qui conforte tout à fait le monde arabo-islamique 
            pour dissocier la Shoah de sa signification politique centrale. Cependant, 
            tout comme la mention de l’Holocauste, l’inclusion de 
            l’antisémitisme a soulevé des réserves 
            de la part de la République islamique d’Iran, qui a indiqué 
            que ce terme devait « s’appliquer aux Arabes et aux Juifs 
            », l’OCI soulignant pour sa part (sans même mentionner 
            les Juifs) que « les Arabes constituent la majorité écrasante 
            des Sémites ». Comme avec l’Holocauste, la « 
            reconnaissance » des Juifs aboutit aux Palestiniens et à 
            l’islam (9). En effet, les Juifs pourraient bien être 
            traités d’« antisémites » s’ils 
            étaient « islamophobes »... C’est bien ce 
            tour de passe passe qui est sans cesse rejoué à la commission 
            des droits de l’homme de l’ONU. LA 
            FAUTE MORALE  
          Une conscience 
            juive a du mal à accuser le coup de l’indignité 
            morale dont a fait preuve la FMS. En effet, le troc symbolique concernant 
            Israël s’est doublé d’un autre troc concernant 
            la mémoire des sépharades, bradée à bas 
            prix pour obtenir une reconnaissance de la mémoire de la Shoa. 
            La FMS s’est sentie en effet obligée de réécrire 
            leur histoire pour fonder son entreprise. La lecture du site d’Aladin 
            fournit un exemple rare d’historiographie où l’amateurisme 
            le dispute à la complaisance. On peut 
            déjà se demander ce qui autorise la FMS à parler 
            au nom du monde sépharade, à la mémoire duquel 
            elle ne s’est jamais intéressée et pour la représentation 
            duquel elle n’a aucun mandat légal, ni aucune légitimité. 
            Ce que l’on pressent de mépris ethnique derrière 
            cette façade de « bonne volonté » est accablant. 
            « L’Appel à la conscience » déclare 
            : « C’est une grave offense que de réécrire 
            l’histoire pour des motifs politiques » ». On ne 
            peut pas mieux dire ! Mais charité bien ordonnée commence 
            par soi-même.
 Cette institution est sortie du champ de ses attributions en instrumentalisant 
            l’histoire des communautés juives originaires du monde 
            arabo-musulman. Le récit historique des rapports judéo-arabes 
            qu’elle propose, sur le site d’Aladin, fait bon marché 
            de leur mémoire en évacuant l’essentiel du contentieux 
            politique, historique et moral qui obère le rapport des Juifs 
            et des musulmans aujourd’hui et qui est avant tout leur contentieux, 
            à eux qui sont originaires de ces pays-là.
 Le 
          livre collectif, La fin du judaïsme en terres d’islam 
          (Denoël), que je viens de publier sous ma direction tombe à 
          point nommé. Il fait le clair sur cette histoire contemporaine 
          », à laquelle j’avais déjà consacré 
          2 numéros de la revue Pardès (10). Il existe très 
          peu d’ouvrages sur ce sujet car l’historiographie de ce 
          drame concernant un million de personnes est un tabou, y compris en 
          Israël. Un jour l’histoire de cette occultation sera aussi 
          écrite. La FMS ne peut invoquer l’innocence et l’ignorance, 
          en la matière. C’est un choix politique et moral qu’elle 
          a fait en toute connaissance de cause de minoriser (par mépris 
          ?) les témoignages et les faits de cette histoire pour « 
          arrondir les angles ».  
          Bien 
            avant la question du sionisme et de l’État d’Israël, 
            c’est le statut des Juifs en islam qui est en effet en question 
            dans le monde arabo-musulman. A-t-on remarqué qu’il n’y 
            avait quasiment plus de communautés juives dans ces pays depuis 
            les années 1970 ? Les faits historiques d’avant l’ère 
            coloniale témoignent de ce que le statut des non musulmans, 
            les dhimmis, n’engendrait pas seulement la condition 
            de nation dominée, ségréguée, mais aussi 
            et surtout un régime de vexations et d’avilissement, 
            de tracasseries permanentes. L’OCI n’y a pas renoncé 
            car dans la « Déclaration des droits de l’homme 
            en islam », qu’elle a édictée (1990), il 
            est statué que ces droits ne sont valides que s’ils sont 
            en conformité avec la Sharia. Qui ne reconnait pas l’égalité, 
            des Juifs, des chrétiens et des femmes. Le scandale 
            que représente la création d’Israël pour 
            ce monde-là, c’est avant tout l’auto-détermination 
            d’une nation (dhimmie) dominée. L’histoire tragique 
            des Arméniens en quête d’indépendance en 
            fut le premier acte. La disparition progressive des Arabes chrétiens 
            dans ces pays aujourd’hui en est l’acte final. Au sortir 
            de la période coloniale, qui fut pour ces nations dominées, 
            on le comprend, une libération, les Juifs étaient en 
            passe de redevenir des dhimmis. Le nationalisme y avait engendré 
            un antisémitisme qui n’avait rien à envier à 
            ses homologues européens et qui puisait dans un fonds islamique 
            dont des livres entiers peuvent témoigner. De puissantes vagues 
            antisémites ont conduit soit à leur expulsion, encadrée 
            par un véritable « statut des Juifs » (Égypte, 
            Lybie, Irak, Syrie), soit à leur exclusion de tous les domaines 
            de la société, en fonction de processus sournois, et 
            la plupart du temps d’une violence pogromique servant d’avertissement. 
            Il n’y avait pas de place pour les Juifs dans les nouveaux États 
            nations qui, très vite, adoptèrent le Coran comme loi 
            constitutionnelle. Tel 
          est le B.A-BA du contentieux judéo-musulman, du Maroc à 
          l’Iran. Il ne commence pas avec le sionisme et à cause 
          de l’État d’Israël mais bien avant la période 
          coloniale. Tous les documents historiques sont là pour en témoigner. 
          La FMS a prétendu le clore pour solde de tous comptes.   
          LE NÉGATIONNISME DE L’HISTOIRE DU MONDE SÉPHARADE 
            PAR LES TEXTES
 Le modèle 
            rhétorique de la FMS est facile à reconstituer à 
            partir du discours qui nourrit le site Aladin. Il est intéressant 
            d’y glaner des citations pour comprendre la stratégie 
            idéologique qui est à l’œuvre. C’est 
            le banc d’essai d’une réécriture négationniste 
            de l’histoire.  
          La complaisance 
            est son principe général. Il s’agit de flatter 
            la partie islamique, ce qui se fait toujours, très systématiquement, 
            aux dépens du christianisme et de l’Europe, présentés 
            sous la forme d’une comparaison négative, de façon 
            à faire croire à une plus grande complicité, 
            une plus grande proximité des Juifs et des Arabo-musulmans. 
            Cette complaisance ne fait que conforter un univers ethnocentrique 
            qui méconnait avec suffisance le destin de ceux qui y étaient 
            différents et elle favorise l’anti-occidentalisme.  Quand 
            une mention est défavorable aux Arabes et à l’islam 
            elle se voit toujours immédiatement équilibrée 
            par une affirmation positive, de façon à annuler l’effet 
            négatif, comme pour excuser et amoindrir la responsabilité. 
            La comparaison avec la culpabilité de l’Europe joue à 
            ce moment-là comme l’argument massue.   
          Aladin 
            reproduit le modèle de l’idéologie dominante contemporaine 
            qui récuse l’idée que deux « camps » 
            s’opposeraient sur la scène internationale. Le concept 
            de « camp » est inhérent à l’idéologie 
            du « dialogue ». Il a pour origine le concept d’origine 
            soviétique de « camp de la paix ». Il y a en effet 
            toujours des « camps » mais la frontière passe 
            dans chaque camp. En fait, elle passe surtout à travers le 
            camp occidental (et bien sûr, juif) car le camp de l’OCI 
            reste très compact, lui. La volonté de paix et de dialogue 
            se traduit ainsi immédiatement par une guerre de l’Occident 
            contre son propre « camp »: « Tout en ne cherchant 
            pas à examiner les causes et les effets du conflit politique 
            au Moyen-Orient ni ce qui est juste ou ne l'est pas, on voit que la 
            nature de plus en plus religieuse d'une lutte territoriale a été 
            le fait de différentes mouvances. Elles présentent ce 
            conflit comme un clash de civilisations entre le monde musulman et 
            la société occidentale. Des extrémistes présentent 
            l'adversaire comme étant dénué de tout caractère 
            moral et sans légitimité religieuse, les juifs et Israël 
            étant présentés comme une « tête 
            de pont » hostile établie dans le monde arabe en particulier 
            et le monde musulman en général. La vérité, 
            cependant, est que ce à quoi nous assistons n'est pas un clash 
            de civilisations mais plutôt un clash à l'intérieur 
            de civilisations. C'est un conflit entre divers éléments 
            au sein d'une même culture religieuse. Entre ceux qui 
            ont le sentiment d'avoir subi insultes et humiliations sur le plan 
            historique, ce qui a provoqué leur aliénation, et d'autres 
            éléments au sein de leur propre société 
            ainsi qu'avec ceux qui sont extérieurs à leur culture 
            religieuse. Le conflit interne est avec ceux qui cherchent 
            à avoir des contacts constructifs avec d'autres sociétés 
            dans le cadre d'une culture mondiale et d'une interaction positive 
            avec la modernité. Ce clash « à l'intérieur 
            même de civilisations, » signifie que des voix éclairées 
            des deux côtés ont pour responsabilité de travailler 
            ensemble non seulement pour devenir plus grandes que la somme de leurs 
            différentes parties mais aussi pour apporter ce témoignage 
            alternatif essentiel, à savoir celui de la coopération 
            inter-religieuse et interculturelle ainsi que celui du respect mutuel. 
            Plus particulièrement, les dirigeants musulmans et juifs doivent 
            à leurs communautés et aux traditions de leur foi de 
            réfuter toute exploitation destructrice de leur civilisation 
            religieuse respective en tirant leur inspiration des exemples 
            de la coopération et de la collaboration glorieuses du passé 
            des enfants d'Abraham, musulmans, chrétiens et juifs, 
            au profit de tous. » La description 
            de la dhimma, condition d’avilissement et de déchéance 
            des Juifs est donc naturellement l’objet d’un déni. 
            Le discours qui en rend compte témoigne d’une insensibilité 
            de plomb à ce que fut la condition des Juifs en islam. Ainsi, 
            Juifs et chrétiens « ont toujours joui d'une plus 
            grande protection (équilibre comparatif) 
            que celle dont bénéficiaient les païens. 
            Pendant des siècles, le statut de la dhimma a été 
            appliqué à (sic) juifs et chrétiens 
            dans le monde musulman. Ce qui signifie qu'en contrepartie 
            d'un paiement d'impôts supplémentaires des droits limités 
            leur étaient accordés. » On fait équilibre 
            à la dhimma en la comparant au statut des « païens 
            ». Appliqué ? Imposé par la coercition !  
          Quand 
            des exactions ont été commises, le « mais » 
            arrive toujours très vite « Mais, en 
            dépit de leur statut de dhimmi, les juifs étaient libres 
            de pratiquer leur religion et ils vivaient mieux sous administration 
            musulmane que sous administration des chrétiens byzantins. 
            » Ce qui est une contre-vérité car le statut du 
            dhimmi est un statut politique qui enferme les populations non musulmanes 
            dans la religion, c’est à dire l’islam. « 
            En règle générale, les communautés juives 
            qui étaient restées dans le monde musulman étaient 
            protégées selon les termes du Pacte 
            d'Umar. Et, si elles acceptaient leur statut de citoyens de 
            seconde classe, elles vivaient paisiblement et en bonne intelligence 
            avec leurs voisins musulmans. » On croit rêver et on se 
            demande qu’elle est la conscience juive et le sentiment de dignité 
            des gens qui font la FMS...  
          Le « 
            miracle d’Al Andalous » est présenté comme 
            si il avait été un phénomène suis generis 
            et non le résultat d’une invasion et d’une conquête 
            cruelle de djihad. Andalous était une terre où Juifs 
            et chrétiens étaient des dhimmis, où il y eut 
            des vagues d’antisémitisme théologique, de grands 
            pogroms, etc.  La fin 
            d’Andalous est présentée comme une menace venant 
            d’un islam extérieur, de surcroît, justifiée 
            par une menace chrétienne ! « Il y eut un revers de cette 
            société relativement ouverte d'al-Andalus, puis sa fin, 
            lorsque des armées sont venues d'Afrique du Nord pour aider 
            à la défendre contre les chrétiens espagnols 
            qui repoussaient les musulmans dans le nord, les chassant de leurs 
            bastions. Les juifs subirent des restrictions sévères 
            sous les régimes berbères islamistes et finirent par 
            se déplacer vers le nord pour aller dans des régions 
            conquises (sic) par les chrétiens et où, 
            pour l'heure, ils étaient mieux traités. » C’est 
            ahurissant, ces armées venues d’Afrique du Nord étaient 
            les mêmes que celles qui avaient envahi l’Espagne. Par 
            contre la Reconquista est présentée comme une conquête 
            qui menace l’Andalousie... Un 
          peu plus tard, « la société islamique commença 
          à faire place à une mentalité plus féodale, 
          à la fois rigide et autoritaire. De nombreuses communautés 
          juives durent (sic) s'installer dans des ghettos (qu’en 
          de beaux mots ces choses-là sont dites !) et ici ou là 
          (sic) des communautés juives et chrétiennes furent détruites. 
          « Ici ou là » ? Toutes les communautés d’Afrique 
          du Nord furent exterminées ! Faut-il parler de négationnisme 
          ? Les 
          perles sur la dhimma s’enfilent, je les cite non exhaustivement 
          :
 -« le grand (sic, sic, sic) conquérant 
          Omar Ibn Al-Khattab, calife qui spécifia les conditions 
          d'octroi de ce statut aux protégés dans ce qu'on appelle 
          le « pacte d'Omar ». Grâce au pacte, les « Gens 
          du Livre » étaient autorisés à s'installer 
          et à posséder des biens, à exercer librement leur 
          culte, à entreprendre et à circuler. La soumission 
          des « dhimmi » se traduisait surtout par le paiement d'une 
          taxe de capitation (djizya) et des conditions de vie inférieures 
          ». Merci pour l’autorisation ! Ils étaient là 
          avant l’invasion arabe qui les déposséda de leurs 
          biens et de leurs propriétés.
  
          -« 
            La situation sociale des Juifs découlait de leur statut juridique, 
            de leur activité économique et de la tradition religieuse 
            de leurs voisins. La masse des musulmans manifestait mépris 
            à l'égard des dhimmi et des étrangers quels qu'ils 
            soient, mais cette situation n'empêchait pas 
            l'existence de bonnes relations de travail et parfois même de 
            liens d'amitié. » « Découlait » ? 
            Où est la responsabilité politique ? -« 
            Les Juifs n'ayant pas d'existence politique indépendante et 
            ne constituant pas une nation contrôlant un territoire défini, 
            bénéficiaient d'une présomption 
            de loyauté envers les autorités, qui les traitaient 
            bien, collectivement et individuellement. » Haïs par les 
            masses, ils étaient les serviteurs obligés des potentats 
            qui, parfois les livraient à la foule. Le chef de la nation 
            juive était très souvent exécuté.
 -« L'adoption de l'arabe par les Juifs introduisit non seulement 
            un nouveau vocabulaire ; mais aussi un mode de pensée entièrement 
            neuf, permettant aux Juifs des pays musulmans de participer à 
            la culture dominante et de l'intégrer comme ils n'avaient 
            jamais pu le faire dans l'Europe chrétienne ».
 Ce qui est un mensonge si on oppose à cela l’exemple 
            de la Pologne où les Juifs connurent une grande époque 
            et une sorte d’État sur un grand territoire, le « 
            Conseil des Quatre Pays ».
  
          - « 
            Au milieu du VIIe siècle, l'État perse devint une province 
            de l'empire arabo-musulman. La conquête arabe substitua une 
            religion d'État à une autre, mais pour les Juifs, 
            c'était un progrès. Ils bénéficiaient, 
            comme ailleurs sous la loi de l'islam, d'un statut inférieur 
            mais protégé. Protégé contre 
            qui ? -« 
            Cependant, la constitution de 1979 reconnut 
            les Juifs comme une minorité religieuse et leur accorda 
            un siège réservé au Parlement ». Or, c’est 
            exactement l’application de la condition de dhimmi.  
          -« 
            Les autorités ottomanes n'avaient pas posé de restrictions 
            sur les activités professionnelles des minorités religieuses, 
            la seule limite était l'enrôlement dans l'armée 
            ou l'entrée dans les rouages du pouvoir et de l'administration. 
            Les dhimmi jouissaient donc d'une totale liberté dans 
            ce cadre ». Liberté ?  - « 
            L'Islam maintint le statut juridique et communautaire des 
            Juifs ainsi que leurs conditions de sécurité et, malgré 
            les affrontements entre des tribus juives et l'armée du prophète 
            Mahomet, le Coran reconnut le judaïsme. » La réécriture 
            tire de la farce ici. Il y a eu une vie juive florissante en Arabie 
            avant l’islam. Les tribus juives furent, à ce que rapporte 
            le Coran, exterminées, converties ou chassées. On décréta 
            qu’il ne pouvait y avoir 2 religions dans la péninsule 
            arabique. Remarquons au passage l’équilibre établi 
            avec la violence des tribus juives ! Ah, ces sépharades !  
          -« 
            Les Juifs soutinrent la conquête de l'Irak par les musulmans. 
            Sous la domination des califes de Bagdad, ils payaient une 
            taxe individuelle, qui leur assurait la liberté religieuse 
            et communautaire. » Encore une version scandaleuse 
            de la dhimma ! -« 
            Sous le gouvernement des Jeunes-Turcs (1908), qui menèrent 
            une politique d'unification, ils servirent dans l'armée, obligatoire 
            pour tous. Ils combattaient dans les unités turques pendant 
            la Première Guerre Mondiale ou y furent médecins ou 
            traducteurs. »Occultation totale de la persécution dont 
            les Juifs furent victimes dans cette armée (cf l’article 
            sur la Turquie dans le livre La fin du judaïsme en Terres 
            d’islam) !  
          -« 
            Quand Saddam Hussein accéda au pouvoir en 1979, il restait 
            moins de 400 Juifs en Irak. La communauté juive vécut 
            donc sous surveillance constante. Toutefois, il semble que l'attitude 
            de Saddam Hussein envers les Juifs irakiens ait été 
            moins excessive qu'on pourrait le croire ». En somme 
            vive la tyrannie de Saddam ! -« 
            Pendant la période ottomane, les Juifs d'Algérie étaient 
            strictement soumis au statut de «dhimmi». Il faut toutefois 
            noter une grande diversité d'application de 
            ces règles dans l'espace et dans le temps. Des relations 
            de bon voisinage voire d'amitié purent se nouer, notamment 
            à l'occasion de la célébration des fêtes 
            juives. » On est confondu par tant de mièvrerie. 
            L’auteur semble méconnaître que les Juifs qui échappaient 
            à la condition de dhimmi devaient acheter la protection de 
            consulats européens qui leur conférait leur citoyenneté 
            sur le plan juridique, en vertu d’un accord des puissances européennes 
            avec la Sublime Porte.  
          -« 
            Comme les autres Juifs des pays islamiques, ceux d'Ifriqiya (nom pris 
            par l'actuelle Tunisie) acquièrent le statut de dhimmi. 
            En réponse à cette nouvelle situation, les Juifs 
            choisirent de s'insérer économiquement, culturellement 
            et linguistiquement dans la société tout en conservant 
            des particularités, notamment culturelles et religieuses. » 
            Acquérir ? c’est un statut imposé, non pas d’insertion 
            mais de ségrégation ! -« 
            Certains Juifs marocains se réjouirent de cette mainmise coloniale, 
            espérant que la fin du statut de dhimmi signifierait pour eux 
            l'obtention de celui de citoyens français, comme pour les Juifs 
            algériens en 1870. Mais ils furent déçus... Entre 
            la création de l'État d'Israël en 1948 et l'indépendance 
            du Maroc en 1956, 90% des Marocains juifs émigrèrent. 
            Les plus pauvres partirent en Israël, où 
            ils constituèrent une part importante du prolétariat 
            et de la population des "villes de développement", 
            tandis que l'élite et la classe moyenne émigrèrent 
            au Canada et en France. Les Marocains juifs étaient 
            des citoyens à part entière, électeurs 
            et éligibles. L'État marocain leur avait établi 
            un espace juridique conforme aux préceptes du judaïsme. 
            Sur le plan du statut personnel, ils furent régis par la loi 
            mosaïque, ce qui signifiait qu'ils étaient justiciables 
            des chambres rabbiniques près des tribunaux réguliers 
            pour tout ce qui touchait au mariage, à l'héritage et 
            au droit des mineurs. » Ici ce sont les stéréotypes 
            les plus éculés qui sont repris. Quant à la citoyenneté 
            à part entière, c’est une vision négligente 
            car les Juifs sont toujours des dhimmis au Maroc, hors du droit commun 
            dans un pays qui ne sait pas ce qu’est la citoyenneté 
            démocratique parce que l’islam y est religion d’État.  
          - « 
            En 1882, un groupe de 150 Juifs partirent du Yémen 
            et entreprirent un voyage harassant de 9 mois, qui les mènera 
            à Jérusalem. En 1922, Le gouvernement yéménite 
            réintroduisit une ancienne loi islamique laquelle contraignit 
            les orphelins juifs de moins de 12 ans à être convertis 
            à l'Islam. » Et ainsi l’on passe très vite 
            sur l’extraordinaire souffrance des Juifs yéménites... 
             -« 
            En 1947, le vote de l'ONU sur le partage de la Palestine eut 
            des conséquences dans tout le monde arabe. Au Yémen, 
            des émeutiers musulmans s'en prirent aux Juifs, en tuant 82 
            à Aden, détruisant des centaines de maisons juives. 
            En 1949, quelques semaines après la fin de la guerre et à 
            l'issue de la création de l'Etat d'Israël, la totalité 
            de la communauté du Yémen, soit 49000 Juifs, arriva 
            en Israël. » Les conséquences de quoi ? Du vote 
            ou du refus du monde arabe ? -« 
            L'orthodoxie rigide de Saladin (1169-1193) ne sembla pas avoir affecté 
            les Juifs de son royaume. En 1166, Maïmonide se rendit 
            en Égypte et s'installa à Fostat ». Se 
            rendit ? Il dût fuir les persécutions qui gagnaient la 
            merveilleuse Andalous !  
          -« 
            Sous la dynastie mamelouke des Baharites (1250-1390), les Juifs 
            menèrent une existence relativement paisible, bien qu'ils soient 
            obligés de payer de lourdes taxes pour l'entretien 
            des équipements militaires, et qu'ils soient harcelés 
            par les cadis et les oulémas de ces musulmans rigoureux 
            ». A nouveau le même négationnisme sur la condition 
            de la dhimma. -« 
            La venue au pouvoir d'Hitler en 1933, bouleversa cet équilibre 
            entre Juifs et Égyptiens, Hitler et la propagande 
            antijuive nazie gagnèrent du terrain parmi la communauté 
            allemande en Égypte, ce qui suscita la formation d'associations 
            juives luttant contre l'antisémitisme ». C’est 
            une farce ? L’auteur fait abstraction de tout le processus de 
            dénationalisation des Juifs égyptiens par le biais d’un 
            véritable Statut des Juifs.  
          -« 
            Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la communauté 
            manifestait peu ou pas d'intérêt pour le sionisme. Significative 
            à cet égard fut sa réponse aux violentes manifestations 
            antijuives du 2 novembre 1945 (anniversaire de la déclaration 
            Balfour en faveur de la création d'un foyer national juif en 
            Palestine). Aux émeutes accompagnées de l'incendie de 
            synagogues et du pillage de magasins juifs au Caire, le grand rabbin 
            de l'époque réagit, dans une lettre au Premier ministre 
            d'Égypte, en se dissociant de la revendication d'un 
            État juif en Palestine. ». En somme les réactions 
            sous la menace pour sauver sa peau sont tenues pour des positions 
            de principe ! -« 
            Al-Husseini et les troupes musulmanes qui combattirent aux 
            côtés de la Wehrmacht n'étaient pas représentatives 
            de ce que ressentait l'ensemble des musulmans lors de la deuxième 
            guerre mondiale. En effet, des centaines de soldats musulmans 
            venus d'Afrique, des Indes et d'Union Soviétique contribuèrent 
            à vaincre le fascisme en se battant à El Alamein, Monte 
            Cassino, sur les plages de Provence ou à Stalingrad. Il y eut 
            également des cas de musulmans qui firent preuve d'un grand 
            courage et se sacrifièrent en risquant leur propre vie pour 
            sauver des juifs des mains des nazis. » C’est des mouvements 
            nationalistes qu’il est question qui, tous fleuretèrent 
            avec le nazisme. Al Husseini compte parmi les plus grands leaders 
            du nationalisme arabe, le fondateur du nationalisme palestinien, celui 
            qui conféra un statut religieux à l’antisionisme. 
            L’opinion arabo-musulmane dans sa grande majorité soutenait 
            les puissances de l’axe, ennemies des pouvoirs coloniaux.  
          -« 
            Les conditions de vie des juifs dans plusieurs pays musulmans commencèrent 
            à se détériorer au XIXème siècle 
            avec le déclin du pouvoir ottoman et la montée de la 
            ferveur nationaliste et du radicalisme religieux en réaction 
            à l'influence grandissante des pouvoirs coloniaux européens. 
            C'est à cette époque qu'apparurent les premiers stéréotypes 
            antisémites dans le monde musulman. » La haine des Juifs 
            vient toujours de l’Occident de surcroît colonial qui 
            vient sans doute briser l’idylle judéo-arabe... **** On 
          se demande en vertu de quelle autorité, la FMS réécrit 
          l’histoire. La reconnaissance de la Shoah qu’elle escompte 
          manquera inéluctablement son objet mais autorisera le ressentiment 
          politique envers Israël, dont l’histoire des Juifs en monde 
          musulman est la clef et non la mémoire de la Shoah. Elle approfondira 
          son mépris paternaliste pour le monde sépharade. La FMS 
          dépolitise le contentieux judéo-musulman au profit d’une 
          sanctuarisation de la Shoah dont la moindre des conséquences 
          n’est pas d’assigner l’existence juive à un 
          passé muséographique. Par contre, cette dépolitisation 
          a des conséquences éminemment politiques. Le problème 
          avec le monde arabo-musulman, n’est pas la Shoah mais le peuple 
          juif vivant, sujet de l’histoire.
 Notes 
         1 
          - Cf. le dossier capital publié par la revue Controverses, téléchargeable 
          à l’adresse : http://www.controverses.fr/Sommaires/sommaire9.htm2 - Cf. idem, l’article de Ruth Attias Toledano 
          et mon texte sur le mythe de l’Age d’or à ce sujet.
 3 - Biblio-Essais, Le Livre de Poche-Hachette, 2005
 4 - C’est une autre paire de manches car l’opinion 
          arabo-musulmane joue en Europe sur un terrain déjà favorable 
          où la Shoah est restée de l’ordre de l’impensé 
          et de l’impensable du fait de structures mentales et morphologiques 
          liées à la modernité politique, qui rendent aveugle 
          à sa réalité et favorisent au contraire sa sacralisation. 
          Cf mon livre L’idéal démocratique à l’épreuve 
          de la Shoah, (Odile Jacob, 1999).
 5 - Cf. Shmuel Trigano, « Le refus palestinien 
          d’un Etat juif », Controverses n° 7, 2008 : http://www.controverses.fr/pdf/n7/trigano7.pdf
 6 - Ce que confirme la déclaration aberrante 
          et hors de propos (s’agissant de la Shoah) du directeur général 
          de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, intervenant en premier, qui 
          a émis le vœu que l’interculturalité et la 
          diversité permettront une mémoire vivante de l’Holocauste 
          dans un rapport apaisé entre civilisations en promouvant un message 
          universel de tolérance pour les générations futures.
 7 - Cf. son blog de février 2009 : http://storage.canalblog.com/89/82/412709/37001881.doc
 et son livre Les nations désunies : comment l’ONU enterre 
          les droits de l’homme, Éditions Jacob-Duvernet.
 8 - Qui depuis 2005 fait l’objet d’une 
          commémoration annuelle à l’Assemblée Générale 
          de l’ONU.
 9 - Le président du Sénégal et 
          président de l’Organisation de la Conférence Islamique, 
          Abdoulaye Wade, lors de l’inauguration, a considéré 
          que la Shoah est un affront à l’humanité et attaqué 
          avec virulence le révisionnisme établissant au passage 
          un parallèle avec celui qui concerne l’esclavage et la 
          colonisation. De la Palestine ?
 10 - En co-direction avec Hélène Trigano, 
          « La mémoire sépharade », Pardès, In 
          Press, 2000 et sous ma direction,
 « L’exclusion des Juifs des pays arabes », Pardès, 
          In Press, 2003.
  
          Un 
          scandale qui tombe à pic   
         
          par 
            Shmuel Trigano 12 février 2009 
Nous 
          avons pu assister, en ce début février 2009, à 
          un phénomène idéologique étonnant. Les médias 
          sont passés sans transition d’une violente hostilité 
          envers Israël à un concours de vertu pour condamner la réhabilitation 
          par le pape d’un évêque intégriste osant nier 
          la réalité de la Shoa. Comme s’il n’y avait 
          aucune contradiction entre la peinture judéophobique d’un 
          Israël stigmatisé pour sa cruauté supposée 
          envers les enfants et les civils et l’indignation que l’on 
          puisse prétendre que les Juifs n’ont pas été 
          victimes des nazis. L’accusation du meurtre rituel commis sur 
          des enfants est un classique de l’antisémitisme. C’est 
          la deuxième occurrence d’un tel phénomène. 
          Au terme de la deuxième Intifada, à l’occasion du 
          60 ème anniversaire de « la libération d’Auschwitz 
          » (1), nous avions vu tout un continent, l’Europe, passer 
          d’une violence symbolique, inédite depuis les années 
          1930, envers Israël et les communautés juives, à 
          l’exaltation de la mémoire de la Shoa .  Ces 
          manifestations paradoxales ne sont pas contradictoires. Elles sont au 
          contraire l’illustration même de la nouvelle judéophobie 
          ou, si l’on veut, du « nouvel antisémitisme » 
          (2). Elles fonctionnent en effet de concert, l’une soutenant et 
          compensant l’autre. L’exaltation de la mémoire de 
          la Shoa vient authentifier la moralité et la pureté de 
          l’accusation disproportionnée d’Israël que j’ai 
          analysée dans mon précédent blog (3). C’est 
          ce qui explique pourquoi il est impérieux pour cette idéologie 
          que cette mémoire soit sacralisée et défendue scrupuleusement 
          contre ses négateurs. Elle exalte un peuple mort pour mieux accabler 
          un peuple vivant.  Car 
          ce qui est en question de façon implicite dans cette posture 
          c’est le destin et la condition des Juifs comme peuple. La Shoa 
          les a détruits en masse et ils y ont connu un destin collectif 
          qui tranchait sur leur condition de citoyens individuels. Ce que symbolise 
          Israël pour tous les Juifs du monde et aux yeux du monde, c’est 
          la résurgence positive et affirmative d’un destin collectif 
          juif, politique et non pas mémoriel. C’est là que 
          se situe l’enjeu de l’hostilité, unique au monde, 
          envers Israël aujourd’hui. On dénie aux Juifs la légitimité 
          de leurs attributs de peuple souverain dans l’État d’Israël 
          au nom de la célébration d’un peuple mort dans les 
          camps.  
          L’exaltation de la mémoire est devenue un élément 
          capital pour éviter que l’hostilité disproportionnée 
          envers Israël ne soit tenue pour antisémite. Les critiques 
          virulentes envers l’extrême droite, le négationnisme, 
          etc, quand elles sont couplées avec l’hostilité 
          envers Israël ont pour finalité systémique d’assurer 
          cette défense (4).  J’analyse 
          ici un phénomène idéologique, c’est-à-dire 
          un processus dont les acteurs sociaux qui en sont parties prenantes 
          sont totalement inconscients et qu’ils ne maîtrisent pas, 
          voire qu’ils dénieraient avec vigueur si il leur était 
          dévoilé. Le partage des domaines auquel ils se livrent 
          généralement pour se justifier vise à brouiller 
          les pistes : la critique d’Israël serait la critique de la 
          politique d’un gouvernement et n’aurait rien à voir 
          avec les Juifs ou la Shoa. C’est un argument dilatoire car cette 
          critique est à nulle autre pareille pour aucun autre État 
          dans le monde, et déjà, en l’occurrence, pour un 
          mouvement de type fasciste comme le Hamas. Elle falsifie les données 
          de la situation et néglige tout un ensemble d’aspects quand 
          elle ne manipule pas le récit des événements de 
          toutes sortes de façons qu’il est possible de démontrer 
          et prouver par A+B. Ce qui est en jeu, c’est la légitimité 
          de l’existence d’un peuple juif, qui implique celle de se 
          défendre contre un ennemi invétéré. 
         La 
          logique que je tente ici de porter au jour n’a elle même 
          rien à voir avec le fait qui est à l’origine du 
          scandale qui nous préoccupe, à savoir la déclaration 
          négationniste de l’evêque intégriste ou la 
          réaction des chrétiens, si ce n’est à un 
          second degré si l’on se souvient que le symbole de la Shoa, 
          tel qu’il est en usage aujourd’hui, désigne, dans 
          la novlangue du politiquement correct, le peuple juif (assigné 
          en l’occurrence à un destin de victime). Or, cette question 
          du peuple, de la continuité de l’«Israël selon 
          la chair » (le peuple juif) malgré l’avènement 
          de « l’Israël selon l’esprit » (5) (le 
          peuple chrétien) a joué un grand rôle dans l’antijudaïsme 
          de l’Église. En tenant ces propos, l’évêque 
          intégriste était conséquent avec son choix théologique. 
          Si l’Église l’entérine, c’est la même 
          régression qui est signifiée, alors que Vatican II avait 
          proclamé l’intention de modifier cette donne originelle 
          du christianisme. Le négationnisme iranien s’inscrit également 
          dans cette perspective. Ahmadinejad a très bien compris le système 
          symbolique de l’Occident contemporain : en niant la Shoa, il veut 
          dire qu’il n’y a pas de peuple juif et c’est pour 
          lui la meilleure façon de saper la légitimité d’un 
          État d’Israël, l’expression la plus forte aujourd’hui 
          d’un peuple juif. Quand le site de la conférence de sécurité 
          de Munich réécrit le discours du président de l’assemblée 
          nationale iranienne en en supprimant le passage sur la Shoa, c’est 
          aussi dans cet esprit-là.  Ajoutons 
          une autre dimension comparative qui met mieux en valeur la réalité 
          du phénomène que nous analysons. Que pèse la moralité 
          de la réprobation universelle du pape comparée au silence 
          total sur les discours du plus pur antisémitisme proférés 
          chaque jour dans le monde arabo-islamique ? On n’en fait même 
          pas mention au point que le citoyen lambda ne sait même pas qu’ils 
          existent, et avec quelle puissance ! Qui s’est scandalisé 
          de ce que les autorités de l’islam français n’aient 
          pas prononcé la moindre condamnation des actes antisémites 
          qui se sont produits en France dans la suite de manifestations meurtrières 
          dans lesquelles la communauté musulmane a été absolument 
          majoritaire ? Pas même les institutions juives promptes pourtant 
          à condamner le Vatican. Qui s’est scandalisé du 
          communautarisme virulent qui s’est manifesté alors ? Pire, 
          qui s’est intéressé et scandalisé en France 
          du retrait unilatéral des musulmans du « dialogue judéo-musulman 
          » ? C’est à peine si la nouvelle fut mentionnée. 
          C’est l’indice que l’on a jugé qu’elle 
          était justifiée et compréhensible. Mais sur le 
          pape, on peut tirer à boulets rouges ! On ne craint rien ! Indépendamment 
          de la critique que l’on peut faire de la décision théologico-politique 
          du pape, on constate ici la propension de l’Occident à 
          se retourner contre lui même plutôt que contre l’islamisme. 
         Il 
          est attristant de constater que les institutions juives s’inscrivent 
          dans ce jeu symbolique et accréditent l’idée que 
          la mémoire de la Shoa, dans l’usage que nous avons analysé, 
          constitue effectivement l’unique priorité du peuple juif 
          au moment même où c’est la légitimité 
          de son existence qui est en jeu. La défaite en rase campagne 
          de leur politique qu’elles ont subie ces dernières semaines 
          avec le retrait unilatéral des musulmans du « dialogue 
          judéo-musulman » n’est que le premier signe de leur 
          déclin. On les retrouve, le 11 février 2009, dans la dénonciation 
          avec le CFCM des propos de Le Pen à Marseille. En dehors du caractère 
          effectivement raciste de ces propos, il faut souligner que cette condamnation, 
          elle aussi, « ne mange pas de pain ». Elle s’insère 
          dans le politiquement correct et la confusion des choses. Nous n’avons 
          jamais entendu le CRIF rappeler à l’ordre le CFCM pour 
          n’avoir pas condamné les manifestations antisémites 
          et les désécrations de synagogues récentes. Par 
          contre ses déclarations sur le pape ont été très 
          relayées. La 
          critique du pape joue ainsi un rôle idéologique bien précis 
          : elle retourne contre soi une critique qui aurait dû concerner 
          les autorités silencieuses ou vociférantes de l’islam, 
          tout comme la critique d’Israël retourne contre Israël 
          la critique que le Hamas et l’islamisme méritent. Plus 
          l’occultation du réel est épaisse, plus l’excès 
          de la critique envers Israël est abusif et constitue le vrai scandale 
          moral. Au fond la critique unilatérale d’Israël participe 
          de ce même syndrome d’autodestruction de l’Occident. 
          Morale, que de bassesses commet-on en ton nom !
 © Shmuel Trigano
  
          Notes 
           (1) En fait libéré 
            dans le cadre d’une avancée des armées alliées 
            et pas d’une opération spécifique et expresse(2) Cf. mon livre Les frontières d’Auschwitz, les dérapages 
            du devoir de mémoire, Hachette Livre de Poche, Biblio-Essais, 
            2005
 (3) En fait les bénéficiaires objectifs de la « 
            mémoire de la Shoa » sont les Palestiniens.
 (4) C’est ce qui explique que les tenants de cette idéologie 
            sont congénitalement aveugles à l’antisémitisme 
            islamique et à celui de l’extrême gauche. La menace 
            ne peut venir que de la droite...
 (5) Dans le jeu de chaises musicales de cette idéologie, ce 
            sont les Palestiniens qui représentent l’Israël 
            selon l’esprit face à l’Israël selon la chair 
            de la Shoa (chair cadavérique, relique sacrée, c’est 
            la différence par rapport au passé lorsque la chair 
            était maudite et corrompue).
  
          Le 
          concept de "pogrom médiatique"  
         
          Par 
            Shmuel Trigano 27 janvier 2009 Le concept 
            de « pogrom médiatique », malgré sa tonalité 
            critique virulente, pourrait bien avoir une valeur heuristique intéressante 
            pour comprendre certains des effets de la guerre de Gaza sur les pays 
            d’Europe de l’Ouest et tout spécialement la société 
            française. Il ne faudrait bien sûr pas l’entendre 
            dans sa portée idéologique mais sociologique.A 
            quoi a-t-on assisté en effet avec la guerre de Gaza, comme 
            avec la précédente guerre du Liban, ou la deuxième 
            Intifada, sinon à un épisode d’extrême violence 
            symbolique envers Israël, particulièrement effervescent 
            par son émotionnalité, la virulence radicale de la condamnation, 
            la stigmatisation, l’unanimité étrange d’un 
            bout à l’autre du spectre politique ? Le pogrom était 
            un bref embrasement d’une population qui dévastait le 
            quartier juif et tuait les Juifs. Point 
            n’est le cas, heureusement mais, de fait, les Juifs se sentent 
            déshonorés, méprisés, abandonnés, 
            exclus, isolés dans leur environnement. Comme s’ils avaient 
            été roués de coups réels. Ils le sont, 
            certes, d’une certaine façon, par les agressions dont 
            ils ont été la cible. Le passage du symbole à 
            l’acte s’est produit à travers de grandes et violentes 
            manifestations, répétitives, organisées selon 
            un plan manifestement prémédité d’envergure 
            nationale, visant à créer une atmosphère d’émeutes. 
            Des actes d’agression ont été perpétrés 
            contre des Juifs mais c’est surtout leur personne symbolique 
            qui a reçu des coups. La dignité et l’image de 
            soi font aussi partie de la personne humaine qui n’est pas seulement 
            corporelle. C’est 
            elle qui a été la cible du pogrom médiatique. 
            Et les traits qui l’ont frappée sont d’un genre 
            unique. La morale et l’humanitarisme ont été fourbis 
            comme des armes. Propres. Morales. Totales. Le discours de la cruauté 
            d’Israël, mis en scène par le Hamas et les télévisions 
            arabes, a été asséné soir et matin en 
            crescendo de l’appel fébrile à sauver un peuple 
            d’un génocide. A Gaza il n’y avait qu’une 
            armée d’enfants, des hôpitaux, des réserves 
            de vivres, des centrales électriques...
 Nous touchons là à l’essence de la violence perpétrée 
            sur la personne d’Israël. Elle est vertueuse ! Plus le 
            souci des « enfants » et des « civils » est 
            « disproportionné », plus fort et radical est le 
            coup (symbolique) porté. Plus Israël est stigmatisé 
            et diabolisé. Pour des motifs humanitaires ! Le coup est ainsi 
            moral et « clean » car il frappe « à côté 
            ».. L’iconisation 
            quasi religieuse des enfants victimes vise à la déshumanisation 
            des Juifs. Les téléspectateurs savent tout de telle 
            ou telle famille palestinienne dont on leur raconte l’histoire 
            humaine, très humaine. Ils savent tout des blessés, 
            des enfants. Mais rien des individus israéliens, de leurs enfants, 
            de leurs femmes, de leurs blessés. On ne voit sur les écrans 
            que des tanks, des soldats, une armée. La société 
            israélienne n’existe pas dans le regard des médias.Ce 
            souci « humanitaire » s’inscrit très bien 
            dans la perspective idéologique plus vaste qui sacralise la 
            mémoire des Juifs morts au moment où l’on accable 
            les Juifs vivants. On aura remarqué qu’au moment même 
            où ils traînaient dans la boue Israël, sa cruauté, 
            son racisme, les journalistes ont dûment condamné le 
            pape pour avoir reconnu un évêque négationniste...Israël 
            est sur la sellette mais il est clair que le traitement « disproportionné 
            » dont il est l’objet concerne le Juif que l’on 
            cible en lui, de façon détournée. Quel pays au 
            monde s’attire en effet cette furie planétaire ? C’est 
            une guerre de religion qui est ici à l’oeuvre et l’Europe 
            s’y inscrit ouvrant la boite de Pandore de bouleversements qui 
            la submergeront.La 
            question juive est de retour, de façon inédite. Les 
            événements consécutifs à Gaza, notamment 
            en France, rééditent les troubles qui ont accompagné 
            la deuxième Intifada. La récurrence du même phénomène 
            confirme que la crise d’alors n’était point passagère. 
            Cependant, aujourd’hui, on est en droit de se poser la question 
            de savoir où elle conduit. Un pogrom symbolique est en soi 
            sans grande gravité concrète, si ce n’est la déstabilisation 
            et l’égarement des Juifs d’Europe. Il n’y 
            a pas mort d’homme (sauf qu’il peut donner lieu à 
            la tragédie d’un Ilan Halimi ou d’un Sébastien 
            Sellam) mais mort d’images. Le 
            pogrom symbolique recèle en lui la potentialité de développements 
            graves. Il peut être la première étape de voies 
            de fait, elles, bien réelles. Un mouvement social (et l’antisémitisme 
            en est un) commence par une fiction (la cause palestinienne), qui 
            substitue un objectif imaginaire à une réalité 
            insupportable (les problèmes du monde arabe et des musulmans 
            d’Europe). Puis cette fiction donne naissance à une mentalité 
            qui prend le but substitué pour slogan, pour devenir un emblème 
            autour duquel un nouvel ordre se structure et une organisation qui 
            lui est dévouée apparaît. Aujourd’hui, 
            la porte est ouverte à la troisième étape, celle 
            de la cristallisation, avec la constitution d’une organisation 
            quelconque qui pourra partir à l’assaut de sa cible. 
            Nous entrons dans une phase dangereuse. La question est très 
            concrète : à quand la prochaine explosion collective 
            contre Israël ? Le prochain pogrom médiatique ? Et avec 
            quelles conséquences concrètes sur la personne physique 
            des Juifs ou d’Israël, dans l’arène planétaire 
            ?
 Les 
            parias magnifiques par 
            Shmuel Trigano 19 janvier 2009 La guerre 
            de Gaza et son impact sur l’opinion publique donne à 
            voir avec un réalisme terrifiant ce que le monde a dans l’âme 
            quand il pense à Israël et au peuple juif. L’attitude 
            de la « communauté internationale » est particulièrement 
            significative, à ce propos. Une cécité totale 
            à la réalité de la situation s’accompagne 
            d’un « souci humanitaire » qui ne s’est que 
            très rarement exercé durant le calvaire des Israéliens 
            ( 7 ans de tirs de missiles sur le sud d’Israël et la progression 
            inquiétante de ce canardage vers les centres vitaux du pays, 
            la constitution d’un pouvoir totalitaire, de style fasciste, 
            promoteur de haine et de mort, l’enrôlement et l’embrigadement 
            de toute une population au service de la politique impérialiste 
            de l’Iran intégriste sur toute la région et la 
            haine permanente). La décision 
            de cessez le feu du Conseil de sécurité fut très 
            significative de l’état d’esprit ambiant envers 
            Israël. Si l’on observe bien l’histoire du conflit 
            israélo-arabe, on constate que toutes les victoires militaires 
            d’Israel, remportées contre des agressions arabes, ont 
            été annulées par la politique des puissances 
            et notamment l’ONU, j’ajouterais tout spécialement 
            la France. Ces victoires auraient pu à chaque fois constituer 
            un point final du conflit, obligeant les Etats arabes à assumer 
            la défaite de leur ambition exterminatrice à l’égard 
            d’Israël, comme celà se passe dans tout conflit. 
            Bien au contraire, les puissances occidentales ont tout fait pour 
            empécher une telle situation. Il fallait empécher « 
            l’humiliation arabe » (rappelons qu’elle découle 
            de l’existence d’Israël)... Que laissait 
            entrevoir la demande de cessez le feu dans l’opération 
            de Gaza sinon la volonté qu’Israël accepte de rester 
            la cible de son ennemi le plus implacable sans réagir, sinon, 
            qu’Israël renonce à sa souveraineté politique 
            pour confier son destin à un consortium onusien où le 
            camp qui lui est ennemi occupe le haut du pavé et qui ne s’occupe 
            du sort des Israéliens que lorsqu’il en a le temps ? 
            Derrière ce décor de théatre décadent 
            une perversité morale gigantesque est à l’oeuvre 
            qui voue les Juifs à la condition de victimes éternelles. 
            La « communauté internationale » veut-elle sauver 
            le Hamas et lui redonner la possibilité de viser les centres 
            vitaux d’Israël qu’elle ne s’y prendrait pas 
            autrement.  Le souci 
            humanitaire est un principe auquel il ne faut pas renoncer et tout 
            montre qu’il est loin d’être absent de l’action 
            israélienne mais il s’agit d’une guerre et pas 
            d’une promenade. Si le Hamas a été « élu 
            », c’est aussi parce que les Gazaouites font corps avec 
            sa politique. Pourquoi n’en supporteraient-ils pas les conséquences 
            désastreuses ? Pourquoi les populations civiles de tout coeur 
            et de tout corps engagées dans la lutte contre « les 
            Juifs » (c’est ainsi que les Israéliens sont appelés 
            à Gaza) échapperaient-elles à leur responsabilité 
            ? Seraient-ce parce qu’elles seraient par principe innocentes 
            ? Personne n’évoque les « populations civiles » 
            israéliennes, à croire que tout Israël est un camp 
            militaire et qu’à Gaza, il n’y a que des civils. 
            On ne voit d’ailleurs qu’eux à la T.V. Qui tirent 
            les roquettes et les missiles ? Qui se demande pourquoi les cameramen 
            palestiniens et arabes qui abreuvent le monde de scènes sanguinolentes 
            n’ont jamais montré d’hommes en armes ?  Comment 
            les médias occidentaux ont-ils pu gober, sans états 
            d’âme, ce compte rendu manipulatoire, où le décompte 
            des victimes est celui du Hamas ? Telle est la vraie question et le 
            coeur du problème. Il faut 
            remarquer à nouveau que le syndrome qui s’est développé 
            en France à l’occasion de la deuxième intifada 
            est à l’oeuvre, quand le gouvernement Jospin a demandé 
            aux Juifs de ne pas réagir aux 450 agressions dont ils étaient 
            victimes « pour ne pas jeter de l’huile sur le feu »... 
            Demande était faite alors aux Juifs français d’accuser 
            le coup de l’agression envers eux en silence pour sauver « 
            la paix publique ». C’est exactement ce que fut le syndrome 
            munichois de l’opinion européenne face au régime 
            nazi : apaiser l’agresseur en sacrifiant la victime. A la même 
            époque, faisaient rage en Europe pourtant la compassion universelle 
            pour les victimes de la Shoa et la célébration de leur 
            mémoire. C’était une conjonction de contraires 
            absolument nouvelle, mariant l’excellence morale des Juifs à 
            leur déchéance sociale et politique. Un profil 
            nouveau du « Juif » se mit en place , à l’oeuvre 
            en fait subrepticement depuis les années 1990 mais qui se confirme 
            depuis lors de plus en plus et que je définirais, en me souvenant 
            de la pensée de Georges Bataille, comme le profil du paria 
            magnifique, c’est à dire la figure d’un homme révéré 
            et célébré mais vivant dans la condition la plus 
            misérable, dans l’exclusion quasi sacrée, au statut 
            très bas. Prestige combiné à abaissement. Ces 
            personnages ont existé dans toutes les sociétés, 
            cristallisant à la fois le contraire de l’ordre social 
            et symbolique et en même temps sa source la plus forte. C’est 
            autour de leur condition abaissée que les sociétés 
            se réunissent dans des périodes de crise pour se souvenir 
            qu’elles sont humaines, par delà leurs conflits de pouvoir 
            et de prestige. Or, pour que celà soit possible il faut impérativement 
            que le paria magnifique reste au plus bas, en l’occurence qu’il 
            renonce à sa souveraineté et à sa capacité 
            de se défendre, qu’il continue à s’exposer 
            passivement aux attaques de ses ennemis. C’est la condition 
            de sa sacralité. Pourvu qu’il se conforme au rôle 
            consensuel auquel il a été assigné : à 
            la condition de victime, hier, aujourd’hui et demain. Tel est 
            le schéma psycho-symbolique qui porte la décision du 
            Conseil de sécurité, un schéma que l’on 
            retrouve à l’oeuvre dans beaucoup de formes culturelles, 
            prépondérantes aujourd’hui, où le Juif 
            est valorisé dans sa propre contrition, dans la haine de soi, 
            dans l’aveu. Une partie du cinéma israélien, si 
            célébré en Occident, s’inscrit dans ce 
            créneau, condition du succès. Ce schéma, De Gaulle 
            l’avait très bien exprimé avec sa sortie sur « 
            le peuple sûr de lui et dominateur », assignant aux Juifs 
            le rôle de la victime passive comme condition de la miséricorde 
            européenne. « Un capital considérable d'intérêt 
            et même de sympathie s'était accumulé en leur 
            faveur, surtout, il faut bien le dire dans la Chrétienté; 
            un capital qui était issu de l'immense souvenir du Testament, 
            nourri par toutes les sources d'une magnifique liturgie, entretenu 
            par la commisération qu'inspirait leur antique malheur et que 
            poétisait, chez nous, la légende du Juif errant, accru 
            par les abominables persécutions qu'ils avaient subies pendant 
            la Deuxième Guerre mondiale... Si Israël est attaqué, 
            lui dis-je alors en substance, nous ne le laisserons pas détruire, 
            mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative » 
            . Cette 
            condition de « paria magnifique » a été 
            vécue en France, dès la fin des années 1990, 
            par quelques « intellectuels juifs ». Magnifiques, par 
            principe, par leur activité et leur statut social mais exclus 
            en douce de toutes les arènes du débat public et de 
            la respectabilité intellectuelle, ramenés à leur 
            origine « ethnique », comme la chose devint évidente 
            durant la deuxième Intifada , pour annuler leur argument et 
            surtout leur identité d’intellectuels. A moins que pour 
            quelques rares individus, voire un unique intellectuel - en vertu 
            non d’un droit mais d’un privilège - la fonction 
            de conscience malheureuse et déchirée ne leur soit asignée 
            sur tous les écrans et dans tous les journeaux. Cette configuration 
            est tout à fait différente de celle qu’analysait 
            Hannah Arendt pour la modernité quand elle remarquait que les 
            intellectuels juifs, pour être admis dans la bonne société 
            et le cercle intellectuel, avaient deux possibilités, celle 
            de se comporter comme des parvenus , en trahissant, bien qu’avec 
            une nostalgie inextinguible, leur appartenance au peuple juif, ou 
            comme des parias, s’ils restaient fidèles à eux 
            mêmes. Kafka, à ses yeux, fut le modèle du paria. 
            Le monde devient de fait, aujourd’hui, kafkaïen pour les 
            Juifs, accusés du crime que leurs ennemis commettent ou veulent 
            commettre sur eux, sans que leur parole ne porte, sans que la foule 
            en fureur ne prenne soin d’examiner les faits rationnellement 
            et les responsabilités. Malgré son rang social, l’intellectuel 
            juif se voit annulé dans sa fonction d’intellectuel et 
            étiqueté, enfermé dans la case « communautaire 
            », c’est à dire, dans l’esprit de tout le 
            monde, « communautariste ». Ce système 
            de rapports ne fait en vérité qu’ajouter de l’huile 
            sur le feu, car les transgresseurs sont exemptés de leur responsabilité 
            et reçoivent un encouragement à leur comportement déviant. 
            Mettre dos à dos Hamas et Israël, expliquer la violence 
            par le « cycle de la violence » pour le Moyen Orient ou 
            les « « conflits inter-communautaires » pour la 
            France (c’est à nouveau le cas aujourd’hui), c’est 
            choisir programmatiquement d’innocenter les coupables, en courant 
            de surcroît le risque de les amalgamer avec leur « communauté 
            », et d’accuser la victime d’être responsables 
            de ce qui lui arrive. Il n’y a jamais eu d’agressions 
            des Juifs contre des sites musulmans en France et Israël, qui 
            s’est retiré de Gaza et a enduré durant 7 ans 
            des tirs de missiles du Hamas sur son territoire sans riposter.  Il semble 
            que personne n’ait encore compris que cette problématique 
            se retourne inéluctablement contre la société 
            qui s’en rend coupable, nationale ou internationale. Le déni, 
            durant de nombreux mois, des actes antisémites des années 
            2000 annonçaient et légitimaient dans le principe les 
            émeutes des banlieues françaises. Le même comportement 
            aujourd’hui annonce d’autres événements 
            graves dont toute la société française (et internationale) 
            aura à pâtir.  Un cercle 
            vicieux s’installe aussi indirectement qui ne peut que « 
            jeter de l’huile sur le feu ». La célébration 
            formelle de l’excellence de la figure (victimaire) des Juifs 
            ( devoir de mémoire de la Shoah obllige !) ne peut que susciter 
            jalousie et ressentiment chez leurs ennemis, dans un premier temps, 
            qui appelle, dans un deuxième temps, la tentative des célébrateurs 
            de « calmer » leur ressentiment en tentant de rétablir 
            « l’équilibre » psycho-symbolique en abaissant 
            encore plus la condition des Juifs, en les enchainant encore plus 
            à leurs ennemis. C’est 
            un retour régressif à un passé révolu 
            qui se produit ici. Il est possible que des Juifs soient prêts 
            à endosser à nouveau les habits de la victime désignée 
            – ces personnalités se produisent même sur toutes 
            les scènes (et pour cause) – mais il ne faut pas négliger 
            la révolution mentale qui s’est produite il y a 60 ans 
            dans la conscience juive : le sionisme, projet de libération 
            du Juif qui se propose d’ériger le peuple paria en sujet 
            souverain de l’histoire. La mauvaise foi planétaire se 
            brisera sur cette nouvelle donne. 
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